Port-au-Prince, 12 janvier 2025 – Alors qu’Haïti commémore le quinzième anniversaire du séisme dévastateur de 2010, un rapport publié par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) tire la sonnette d’alarme sur la situation critique des déplacés internes. Ces camps, initialement établis pour les victimes du tremblement de terre, abritent aujourd’hui des milliers de personnes fuyant l’insécurité et les violences des gangs armés.
Une crise humanitaire exacerbée par l’insécurité
Le rapport révèle que sur 59 sites évalués dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite, près de 95 % des occupants actuels sont des déplacés ayant fui la terreur des gangs. Ces populations, vivant dans des conditions précaires, témoignent d’un abandon prolongé par l’État. L’insalubrité, l’absence de sécurité et le manque d’accès à des services essentiels continuent de définir leur quotidien.
Les chiffres sont alarmants : près de 40 % des sites n’ont pas d’accès à l’eau potable, et dans 29 % des cas, il n’existe même pas de toilettes fonctionnelles. Cette absence d’infrastructures sanitaires favorise la propagation de maladies comme la diarrhée, les infections respiratoires et les maladies de la peau, ajoutant une couche de souffrance à une situation déjà désastreuse.
Des femmes et des enfants particulièrement vulnérables
Le rapport met en lumière la vulnérabilité accrue des femmes et des enfants dans ces camps. L’absence de sécurité adéquate expose les femmes à des risques élevés de violences sexuelles et de harcèlement, notamment près des douches communes ou dans des zones sans éclairage. Les enfants, souvent privés d’accès à l’éducation, subissent de plein fouet les conséquences de cette instabilité.

Un appel à l’action pour une réponse coordonnée
Face à cette situation critique, le RNDDH appelle à une réponse urgente et coordonnée de la part des autorités haïtiennes et de la communauté internationale. Les recommandations incluent :
- L’amélioration des infrastructures de base, notamment l’accès à l’eau potable, aux toilettes et à des espaces de vie décents.
- Le renforcement des mesures de sécurité dans les camps pour protéger les populations vulnérables.
- La mise en œuvre d’une aide humanitaire mieux structurée, privilégiant des approches participatives pour répondre aux besoins spécifiques des déplacés.
Un devoir de mémoire et de responsabilité
À l’occasion de cette journée de commémoration, la Direction Générale de la Protection Civile (DGPC) a rendu hommage aux victimes du séisme de 2010 tout en rappelant l’importance de tirer des leçons du passé. « Le souvenir de cette tragédie doit nous motiver à construire un Haïti où la dignité humaine est respectée et protégée », a déclaré un représentant de la DGPC.
En ce 12 janvier 2025, alors qu’Haïti se souvient de ses morts, le pays est face à un choix crucial : continuer à ignorer la détresse de ses déplacés ou agir de manière décisive pour bâtir un avenir plus juste et solidaire.