Hier jeudi, Haïti a franchi une étape cruciale dans la reconstruction de son armée. Cent cinquante militaires, dont quinze femmes, ont quitté le pays pour une formation de trois mois au Mexique, marquant le début d’un programme ambitieux qui formera à terme 700 soldats. Une initiative historique qui redonne espoir face à la crise sécuritaire.

Dans un contexte où les gangs contrôlent encore de vastes portions du territoire haïtien, cette mission prend une dimension particulière. Le Premier ministre Didier Fils-Aimé, accompagné du président du Conseil Présidentiel de Transition Fritz Alphonse Jean, a présidé la cérémonie de départ à Port-au-Prince, soulignant l’importance stratégique de cette coopération.

Un partenariat stratégique avec le Mexique

Cette formation s’inscrit dans un accord de coopération bilatérale qui témoigne de la solidarité latino-américaine envers Haïti. Le Mexique, qui a toujours maintenu des relations diplomatiques stables avec notre pays, offre ainsi son expertise militaire pour renforcer les capacités de défense haïtiennes.

Pour les Haïtiens de la diaspora, particulièrement ceux installés au Mexique et dans d’autres pays d’Amérique latine, cette initiative rappelle l’importance des liens régionaux dans la reconstruction du pays. Comme l’ont montré les expériences de coopération Sud-Sud en Amérique centrale, ces partenariats peuvent être déterminants pour le développement des capacités institutionnelles.

La présence féminine : un signal fort

Parmi les 150 militaires partis en formation, la présence de 15 femmes mérite d’être soulignée. Dans un secteur traditionnellement masculin, cette participation féminine s’inscrit dans une dynamique de modernisation des Forces Armées d’Haïti. Elle fait écho aux revendications des mouvements féministes haïtiens, tant dans le pays que dans la diaspora, qui militent pour une meilleure représentation des femmes dans les institutions sécuritaires.

Un enjeu de souveraineté nationale

Cette formation intervient à un moment critique où l’État haïtien peine à exercer son autorité sur l’ensemble du territoire. Les Forces Armées d’Haïti, reconstituées en 2017 après plus de vingt ans d’absence, doivent encore prouver leur efficacité face aux défis sécuritaires actuels.

Le gouvernement mise sur cette montée en compétences pour restaurer progressivement l’ordre républicain. Une ambition qui résonne particulièrement chez les Haïtiens de l’étranger, nombreux à espérer un retour à la stabilité qui permettrait enfin d’envisager un retour au pays ou des investissements durables.

Vers une nouvelle étape institutionnelle

Le Premier ministre a clairement inscrit cette initiative dans une feuille de route plus large, visant la tenue d’élections « libres, crédibles et inclusives ». Pour un pays qui n’a pas organisé d’élections depuis 2016, la sécurisation du territoire devient un préalable indispensable à tout processus démocratique crédible.

Cette formation de 150 militaires haïtiens au Mexique ne constitue qu’un premier pas, mais elle symbolise la volonté de l’État de reprendre le contrôle de son destin sécuritaire. Pour les millions d’Haïtiens qui attendent un changement, cette initiative représente-t-elle enfin le début d’une véritable renaissance institutionnelle ? L’avenir nous le dira, mais l’espoir semble aujourd’hui plus permis qu’hier.

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