Le rapport des Nations unies dresse un bilan effroyable de la violence en Haïti. Avec plus de 3.000 personnes tuées entre janvier et juin 2025, l’organisation internationale craint que la crise haïtienne ne déstabilise toute la région caribéenne.
Les chiffres donnent le vertige et témoignent d’une tragédie humaine sans précédent. En six mois seulement, plus de 3.000 Haïtiens ont perdu la vie dans la spirale de violence qui ensanglante le pays. Ce vendredi 11 juillet, l’ONU a publié un rapport accablant qui confirme ce que vivent quotidiennement les familles haïtiennes : leur pays traverse l’une des crises sécuritaires les plus graves de son histoire.
Un carnage qui s’étend au-delà de Port-au-Prince
« Entre le 1er janvier et le 30 juin, au moins 3.141 personnes ont été tuées en Haïti », a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme. Derrière ces statistiques se cachent des drames familiaux, des enfants orphelins, des parents endeuillés que connaissent bien les communautés haïtiennes tant au pays qu’à l’étranger.
Le rapport révèle une réalité particulièrement préoccupante : la violence ne se limite plus à la zone métropolitaine. L’Artibonite et le département du Centre, traditionnellement plus paisibles, sont désormais dans l’œil du cyclone. Entre octobre 2024 et juin 2025, ces régions ont enregistré 1.018 morts, 213 blessés et 620 enlèvements.
Mirebalais vidée de ses habitants
L’exode de Mirebalais symbolise l’ampleur de la catastrophe. Cette ville du Centre, qui comptait 100.000 habitants en début d’année, s’est littéralement vidée face à l’avancée des gangs. Un scénario qui rappelle les déplacements massifs vécus dans certains quartiers de Port-au-Prince, mais qui touche désormais l’ensemble du territoire.
« Pris au milieu de cette histoire d’horreur sans fin, le peuple haïtien est à la merci de la violence horrible des gangs », a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. Des mots qui résonnent douloureusement dans le cœur de tous ceux qui ont des proches en Haïti.
Pont-Sondé : le massacre qui a tout changé
Le rapport identifie un « tournant majeur » dans cette escalade de violence : le massacre de Pont-Sondé en octobre dernier, qui a fait plus de 100 morts. Cette tuerie a marqué le début d’une série de massacres qui ont traumatisé le pays et poussé des dizaines de milliers de personnes sur les routes de l’exil.
Pour beaucoup d’Haïtiens de la diaspora, ces événements ont réveillé des souvenirs douloureux et renforcé l’angoisse pour leurs familles restées au pays. Les appels téléphoniques anxieux vers Port-au-Prince, les provinces et les tentatives désespérées d’organiser des évacuations sont devenus le quotidien de milliers de familles dispersées à travers le monde.
Une crise qui menace toute la Caraïbe
L’ONU ne cache pas ses inquiétudes quant à la propagation de cette instabilité. L’expansion du contrôle territorial des gangs représente « un risque majeur de propagation de la violence et d’augmentation des trafics transnationaux d’armes et de personnes », susceptible d’entraîner « une déstabilisation significative pour les pays de la sous-région des Caraïbes ».
Cette dimension régionale préoccupe particulièrement les pays voisins, qui voient déjà affluer des réfugiés haïtiens. Pour les gouvernements caribéens, la question n’est plus de savoir si la crise haïtienne les affectera, mais quand et comment.
La Mission kenyane en difficulté
Déployée en juin 2024, la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) menée par le Kenya peine à contenir la violence. Malgré la présence de forces internationales, les gangs continuent d’étendre leur emprise, profitant de « failles majeures dans le contrôle des frontières » qui permettent la contrebande d’armes.
L’embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité en 2022 se révèle insuffisant face à des réseaux criminels de plus en plus sophistiqués.
Face à cette hécatombe, l’ONU appelle la communauté internationale à « renforcer son appui aux autorités haïtiennes ». Mais pour les familles haïtiennes qui pleurent leurs morts et craignent pour leurs proches, les paroles ne suffisent plus. Combien de rapports, combien de morts faudra-t-il encore avant que des actions concrètes et efficaces ne viennent mettre fin à cette tragédie qui endeuille tout un peuple ?