Alors que la Police nationale d’Haïti célèbre trois décennies d’existence, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et les policiers de la Primature se sont mutuellement rendu hommage lors d’une cérémonie émouvante. Un moment symbolique qui témoigne des défis et de la résilience d’une institution au cœur des enjeux sécuritaires du pays.
Ce dimanche 15 juin 2025, les murs de la Primature ont été témoins d’une scène peu commune dans le paysage politique haïtien : un échange de reconnaissance mutuelle entre le chef du gouvernement et les policiers chargés de sa protection. À l’occasion du 30e anniversaire de la Police nationale d’Haïti (PNH), cette cérémonie a mis en lumière la relation complexe mais essentielle entre le pouvoir politique et les forces de l’ordre.
Quand les protégés honorent leurs protecteurs
Dans un geste inédit, les policiers de l’unité de sécurité de la Primature ont pris les devants en décernant des plaques d’honneur au Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. Une initiative qui surprend autant qu’elle révèle : rarement dans l’histoire récente d’Haïti a-t-on vu les forces de sécurité reconnaître publiquement l’engagement d’un dirigeant en leur faveur.
Pour ces agents, le message est clair : Fils-Aimé « répond toujours présent » quand il s’agit de défendre leurs intérêts et d’améliorer leurs conditions de travail. Une reconnaissance qui résonne particulièrement dans un contexte où les policiers haïtiens font face à des défis considérables, qu’ils soient en poste à Port-au-Prince, dans les provinces, ou même dans la diaspora où certains anciens membres des forces de l’ordre tentent de refaire leur vie.
« Vous êtes les garants silencieux de la stabilité »
En retour, le Premier ministre n’a pas été en reste. Remettant à son tour des plaques d’honneur aux policiers, il a salué leur « professionnalisme », leur « courage » et leur « loyauté sans faille ». Ses mots, empreints de solennité, ont particulièrement marqué les esprits : « La Nation vous doit respect et reconnaissance. Vous êtes les garants silencieux de la stabilité institutionnelle. »
Cette déclaration prend une résonance particulière dans le contexte haïtien actuel, où la question sécuritaire demeure au centre des préoccupations. Pour les familles haïtiennes, qu’elles vivent à Pétion-Ville, au Cap-Haïtien, à Brooklyn ou à Miami, la stabilité des institutions reste un enjeu vital pour l’avenir du pays.
Une PNH face à l’histoire
Créée en 1995 après la dissolution des Forces armées d’Haïti, la PNH porte sur ses épaules trois décennies d’espoirs et de défis. De la période post-Duvalier aux crises contemporaines, cette institution a traversé tous les soubresauts de l’histoire récente du pays. Pour la génération qui a grandi dans les années 90 et 2000, la PNH représente souvent le symbole d’une démocratisation inachevée mais nécessaire.
Cette cérémonie, au-delà de son aspect protocolaire, pose une question essentielle : comment renforcer durablement la confiance entre les citoyens haïtiens et leur police ? Alors que le pays traverse une période cruciale, cette reconnaissance mutuelle entre le pouvoir et les forces de l’ordre pourrait-elle préfigurer un nouveau chapitre dans la construction d’un État de droit en Haïti ?