En visite éclair dans le Nord d’Haïti, le président de la BID Ilan Goldfajn a débloqué des financements records pour la santé, l’eau et l’éducation. Une bouffée d’oxygène pour une région clé, mais suffira-t-elle à relancer l’économie haïtienne ?
Le Justinien, vitrine d’une santé en renaissance
C’est sous les flashs des caméras que le président de la BID a fait son entrée à l’hôpital Justinien du Cap-Haïtien. Le message est clair : avec un budget revu à la hausse (100 millions USD au lieu de 85 millions), ce fleuron médical du Nord va connaître une cure de jouvence.
« Les blocs opératoires et services d’urgence seront les premiers bénéficiaires », explique le Dr Bertrand Sinal, ministre de la Santé. Un enjeu crucial pour cette structure qui dessert plus d’un million de personnes dans un pays où 60% de la population n’a pas accès à des soins de qualité.
Eau potable : 130 000 familles bientôt servies
Dans le Grand Nord, l’accès à l’eau relève souvent du parcours du combattant. La BID vient de signer un accord historique :
- 125 millions USD pour l’eau et l’assainissement
- 130 000 ménages concernés
- 300 points d’eau à réhabiliter ou construire
« Ce n’est pas qu’une question de tuyaux, c’est une question de dignité », insiste Fritz Alphonse Jean, président du CPT. Un programme qui rappelle l’urgence d’agir dans un pays où seulement 58% de la population a accès à l’eau potable (OMS, 2024).
Écoles et usines : la double stratégie anti-crise
Cantines scolaires = bouclier contre les gangs
À l’école Mère Anne-Marie, le programme alimentaire fait des miracles :
- 60% des élèves nourris quotidiennement
- 70% de produits locaux utilisés
- 170 agriculteurs intégrés à la chaîne
« Un enfant nourri est un enfant qui échappe aux recruteurs de gangs », martèle un responsable du PAM.
Les zones industrielles en première ligne
Visite symbolique au parc de Caracol et à CODEVI (Ouanaminthe) où :
- 15 000 emplois directs créés
- 60% de jeunes dans la population locale
- 50 millions USD investis depuis 2022
« Chaque usine qui ouvre, c’est cent jeunes de moins dans la rue », commente un chef d’entreprise de la zone.
Le défi haïtien : passer des promesses aux résultats
Si les annonces sont ambitieuses, la diaspora haïtienne à Miami comme à Montréal s’interroge :
- Transparence : Qui va contrôler ces fonds ?
- Pérennité : Que restera-t-il dans 5 ans ?
- Effet domino : Le Nord pourra-t-il entraîner tout le pays ?
« L’aide internationale ne doit pas être un sparadrap sur une jambe de bois », tempère une entrepreneure haïtienne installée à Paris.
Conclusion : Et maintenant ?
Cette visite marque-t-elle un tournant ou n’est-elle qu’un épisode de plus dans le feuilleton de la reconstruction haïtienne ? Une chose est sûre : avec 60% de chômage chez les jeunes, le Nord attend plus que des discours.
Et vous, chers lecteurs, pensez-vous que ces investissements changeront la donne ?