Du 20 au 23 mai, le Directeur Général de l’ULCC, Me Hans Jacques Ludwig Joseph, représentera Haïti à la sixième réunion du Réseau GlobE à Bakou. Une participation qui témoigne de l’engagement du pays dans la lutte internationale contre la corruption et qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour le recouvrement d’avoirs détournés.
Haïti rayonne sur la scène anticorruption mondiale
Dans un contexte où la lutte contre la corruption occupe une place centrale dans les préoccupations nationales, Haïti confirme son engagement international en participant activement à la sixième réunion plénière du Réseau GlobE. Cette importante rencontre, qui se déroule actuellement à Bakou en Azerbaïdjan, réunit les plus hautes autorités mondiales spécialisées dans la détection et la répression de la corruption.
La délégation haïtienne est menée par Me Hans Jacques Ludwig Joseph, Directeur Général de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), qui occupe le rôle stratégique d’expert principal et de point focal national dans cette bataille cruciale contre les pratiques corruptives.
Cette participation s’inscrit dans une démarche volontariste d’Haïti, membre du Réseau GlobE depuis juin 2024, de s’inscrire pleinement dans les mécanismes de coopération internationale pour combattre un fléau qui affecte profondément le développement socio-économique du pays.
Le Réseau GlobE : Un géant de la coopération anticorruption
Créé en 2021 sous l’égide de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), le Réseau GlobE représente aujourd’hui la plus importante plateforme opérationnelle mondiale dédiée à la lutte contre la corruption. Avec plus de 235 autorités spécialisées provenant de 124 États signataires de la Convention des Nations Unies contre la corruption (CNUCC), ce réseau constitue un outil puissant de coopération transnationale.
« L’adhésion d’Haïti au Réseau GlobE marque une étape importante dans notre stratégie de lutte contre la corruption », explique un cadre de l’ULCC. « Cela nous permet d’accéder à des mécanismes d’échange d’informations rapides et efficaces, essentiels pour traquer les flux financiers illicites qui traversent nos frontières. »
Pour les Haïtiens de la diaspora, particulièrement sensibles aux questions de bonne gouvernance, cette participation active d’Haïti dans les instances internationales représente un signal encourageant. « Nous suivons avec attention ces initiatives qui montrent qu’Haïti ne baisse pas les bras face à la corruption », témoigne Marie-Josée Estimé, membre d’une organisation haïtienne à Toronto. « C’est exactement ce type d’engagement international dont notre pays a besoin. »
Des outils concrets pour récupérer les avoirs volés
L’un des aspects les plus prometteurs de cette coopération internationale concerne le recouvrement des avoirs détournés. Le Réseau GlobE offre une plateforme qui facilite non seulement l’échange rapide d’informations et l’identification des infractions de corruption, mais aussi la poursuite judiciaire des auteurs et surtout la récupération des biens volés.
Cette dimension revêt une importance particulière pour Haïti, où de nombreux scandales financiers ont défrayé la chronique ces dernières années. Pensons notamment à l’affaire PetroCaribe ou aux diverses accusations de détournements de fonds publics qui ont marqué l’actualité nationale.
« Le recouvrement d’avoirs représente un enjeu majeur pour notre pays », souligne un expert en droit international consulté par notre rédaction. « Chaque dollar récupéré peut être réinvesti dans des projets de développement ou des services publics essentiels dont la population a cruellement besoin. »
Une voix haïtienne sur la scène internationale
L’intervention de Me Hans Jacques Ludwig Joseph lors du panel de haut niveau sur le thème « Engager la ligne de front : la sensibilisation des communautés comme outil de lutte contre la corruption » représente une opportunité unique pour Haïti de partager son expérience et ses innovations dans ce domaine.
Cette présentation des actions et avancées d’Haïti permettra de positionner le pays comme un acteur sérieux et engagé dans la lutte anticorruption, malgré les défis considérables auxquels il fait face. Elle pourrait également ouvrir la voie à de nouvelles collaborations techniques et financières avec d’autres membres du réseau.
L’ULCC : Un pilier de la transparence en construction
Depuis sa création, l’ULCC s’efforce de jouer son rôle de garde-fou contre la corruption en Haïti. Malgré les limitations budgétaires et les défis institutionnels, cette unité spécialisée continue de mener des enquêtes et de sensibiliser la population aux dangers de la corruption.
« L’ULCC fait un travail remarquable avec les moyens dont elle dispose », reconnaît Jean-Claude Moïse, ancien magistrat et observateur de la vie judiciaire haïtienne. « Leur participation active dans des réseaux internationaux comme GlobE leur donne une crédibilité et des outils supplémentaires pour mener à bien leur mission. »
Des attentes élevées de la part de la population
Pour de nombreux Haïtiens, tant au pays que dans la diaspora, la lutte contre la corruption représente un préalable indispensable à tout redressement national. Les transferts de fonds de la diaspora, qui représentent une part importante du PIB national, pourraient être encore plus conséquents si la confiance dans les institutions publiques était renforcée.
« Nous voulons contribuer davantage au développement de notre pays, mais nous avons besoin de garanties que nos contributions ne finiront pas dans les poches de dirigeants corrompus », explique Frantz Délice, entrepreneur haïtiano-américain basé en Floride.
Cette participation d’Haïti au Réseau GlobE pourrait donc avoir des répercussions positives non seulement sur la lutte anticorruption, mais aussi sur la confiance des investisseurs et de la diaspora envers les institutions haïtiennes.
Un engagement à concrétiser
Alors que la réunion de Bakou touche à sa fin, l’attention se porte maintenant sur la traduction concrète de ces engagements internationaux en actions tangibles sur le terrain haïtien. La participation d’Haïti au Réseau GlobE ne prendra tout son sens que si elle se traduit par des résultats visibles dans la lutte contre l’impunité et la récupération des fonds détournés.
Pour les millions d’Haïtiens qui aspirent à un pays plus transparent et plus juste, cette présence sur la scène internationale représente un motif d’espoir. Reste à voir si cet engagement se traduira par des changements concrets dans la gouvernance quotidienne du pays.
