Passation de pouvoir à l’ambassade américaine : Dennis Hankins tire sa révérence après des années de service dans la crise haïtienne, tandis qu’Henry Wooster, diplomate chevronné du Moyen-Orient, prend les rênes avec pour mission prioritaire de « rétablir la stabilité » dans le pays.
Les États-Unis viennent de tourner une page importante de leur diplomatie haïtienne. Samedi dernier, l’ambassade américaine de Port-au-Prince a officiellement accueilli son nouveau chargé d’affaires, Henry Wooster, marquant la fin d’une ère avec le départ à la retraite de Dennis B. Hankins après plus de quatre décennies de service diplomatique.
Un vétéran s’en va, un spécialiste des crises arrive
Dennis Hankins laisse derrière lui un héritage complexe. Arrivé en Haïti à un moment crucial de l’histoire du pays, cet ambassadeur de 30 ans de carrière a navigué dans les eaux troubles de la crise sécuritaire et politique qui secoue la nation. « De ma première visite en Haïti en 1991 à mon expérience comme ambassadeur, j’emporterai avec moi l’hospitalité et la chaleur du peuple ainsi que la richesse de la culture haïtienne », a-t-il déclaré dans son message d’adieu.
Hankins n’était pas un novice des situations difficiles. Sa carrière l’avait déjà mené dans certains des pays les plus instables du monde : le Soudan, la République démocratique du Congo, le Mali, la Guinée. Des postes qui l’avaient préparé à affronter les défis haïtiens, mais qui témoignent aussi de la perception qu’a Washington de la complexité de la situation sur l’île.
Henry Wooster : Le profil d’un troubleshooter
Son successeur, Henry Wooster, arrive avec des références impressionnantes. Diplômé de Yale et d’Amherst College, cet ancien officier de l’armée américaine s’est taillé une réputation de spécialiste des dossiers épineux. Son CV reads comme un tour du monde des zones de tension : Irak, Pakistan, Iran, Géorgie, Jordanie.
Ce qui rend sa nomination particulièrement intéressante, c’est qu’il connaît déjà Haïti. Wooster a en effet servi comme consul à Port-au-Prince plus tôt dans sa carrière, lui donnant une compréhension du terrain que n’avaient pas forcément ses prédécesseurs. Cette expérience préalable pourrait s’avérer cruciale alors que le pays traverse sa pire crise sécuritaire depuis des décennies.
Une mission claire : rétablir la stabilité
L’ambassade américaine n’a pas mâché ses mots concernant les priorités de Wooster. « Le rétablissement de la stabilité sera sa priorité », précise le communiqué officiel. Cette formulation directe tranche avec le langage diplomatique habituel et souligne l’urgence de la situation.
Wooster dirigera ce que Washington appelle « une approche pangouvernementale » de la politique américaine en Haïti. Traduction : une coordination renforcée entre tous les services américains – diplomates, militaires, services de renseignement, agences de développement – pour une réponse plus cohérente et efficace à la crise haïtienne.
Un message pour la diaspora et les partenaires
Ce changement d’ambassadeur intervient à un moment critique où les États-Unis tentent de rassembler la communauté internationale autour d’une solution à la crise haïtienne. Pour la diaspora haïtienne, particulièrement nombreuse en Floride et à New York, ce nouveau visage de la diplomatie américaine représente peut-être l’espoir d’une approche renouvelée.
L’expérience de Wooster en Jordanie, pays qui a accueilli des millions de réfugiés syriens, pourrait également être pertinente face à la crise humanitaire haïtienne et aux flux migratoires qu’elle génère. Sa connaissance des dossiers régionaux complexes sera sans doute un atout dans la coordination avec les partenaires caribéens et latino-américains.
Un pari sur l’expérience
En nommant Henry Wooster, Washington mise sur l’expérience et la connaissance du terrain. Reste à voir si ce diplomate aguerri aux crises internationales parviendra à naviguer dans les eaux particulièrement tumultueuses de la politique haïtienne. Une chose est sûre : avec sa feuille de route et son mandat clair, tous les regards seront tournés vers ses premières initiatives. Pour les Haïtiens, qu’ils vivent à Pétion-Ville ou à Little Haiti, l’espoir demeure que ce changement à l’ambassade américaine puisse enfin contribuer à sortir le pays de l’impasse actuelle.