Une élue influente et son mari assassinés, un sénateur blessé dans ce qui s’apparente à un acte terroriste politique. Le suspect, armé d’un manifeste listant d’autres responsables, est toujours recherché par le FBI.
La communauté politique américaine est sous le choc après une nuit de violence qui a coûté la vie à Melissa Hortman, ancienne présidente de la Chambre des représentants du Minnesota, et son mari Mark. Dans la même nuit, le sénateur John Hoffman et sa femme ont été gravement blessés dans ce que les autorités qualifient d’« assassinat politiquement motivé ».
Un scénario d’horreur en pleine nuit
L’attaque s’est déroulée tôt samedi matin dans la banlieue de Minneapolis. Vers 2 heures du matin, le tireur a d’abord visé le domicile du sénateur John Hoffman à Champlin, touchant lui et sa femme de plusieurs balles. Malgré leurs blessures graves, les autorités se disent « prudemment optimistes » quant à leurs chances de survie.
Une heure et demie plus tard, vers 3h30, la tragédie a frappé Brooklyn Park. Lorsque la police s’est rendue par précaution au domicile de Melissa Hortman, située à proximité, elle s’est retrouvée face au tireur qui « a immédiatement ouvert le feu sur eux », selon Drew Evans, directeur du bureau d’enquête criminel du Minnesota. Melissa Hortman est décédée de multiples blessures par balle à son domicile, tandis que son mari Mark est mort à l’hôpital.
Un manifeste inquiétant découvert
L’enquête révèle des détails troublants. Les autorités ont découvert dans le véhicule abandonné par le suspect un « manifeste » listant d’autres législateurs et responsables politiques, suggérant que d’autres attaques étaient potentiellement planifiées. Cette découverte transforme ce qui était déjà un double meurtre en une menace terroriste d’envergure.
Le suspect demeure en fuite, mais les autorités locales estiment « qu’il y a des raisons de croire qu’il n’est plus dans la région ». Une chasse à l’homme impliquant le FBI et les forces locales est en cours.
Une perte majeure pour la politique américaine
Melissa Hortman, 61 ans, était une figure respectée de la politique du Minnesota. Avocate de formation, elle en était à son 11e mandat à la Chambre des représentants de l’État et avait présidé cette institution. Son parcours rappelle celui de nombreux leaders haïtiens-américains qui, partis d’origines modestes, ont gravi les échelons politiques grâce à leur détermination et leur engagement communautaire.
Pour la diaspora haïtienne établie dans le Midwest américain, notamment dans les Twin Cities de Minneapolis-Saint Paul où vit une importante communauté, cette attaque résonne particulièrement. Elle rappelle la violence politique que beaucoup ont fui en quittant Haïti, et souligne la fragilité de la démocratie même dans les sociétés les plus établies.
Un climat politique explosif
Cette tragédie survient dans un contexte de tensions politiques exacerbées aux États-Unis. Le président Donald Trump, qui a condamné l’attaque comme « terrible », fait face à des manifestations massives contre sa politique migratoire, particulièrement à Los Angeles où il a déployé des milliers de militaires – une mesure exceptionnelle qui n’est pas sans rappeler les interventions militaires que connaît trop bien Haïti.
Le gouverneur Tim Walz, visiblement ému, a appelé au calme : « Un discours politique apaisé est au fondement de notre démocratie. Nous ne réglons pas nos conflits à coups de pistolet. » Des mots qui résonnent cruellement dans un pays où les attaques contre les responsables politiques se multiplient, de la tentative d’assassinat contre Trump l’année dernière à l’agression au marteau du mari de Nancy Pelosi en 2022.
Cette tragédie soulève des questions essentielles sur l’état de la démocratie américaine. Pour les Haïtiens, qu’ils vivent dans la diaspora ou observent depuis Port-au-Prince, elle rappelle que la violence politique n’épargne aucune société. Comment les États-Unis, souvent donneurs de leçons démocratiques, peuvent-ils faire face à cette dérive qui menace leurs propres institutions ? Une réflexion qui nous concerne tous, dans un monde où la polarisation politique semble devenir la norme plutôt que l’exception.