Une nouvelle tragédie humanitaire frappe Haïti. Plus de 8 800 personnes ont dû abandonner leurs foyers à La Chapelle, dans l’Artibonite, après une attaque sanglante des gangs armés dimanche dernier. Cette escalade de violence porte le nombre total de déplacés internes à 1,3 million dans le pays, révélant l’ampleur d’une crise qui touche désormais toutes les familles haïtiennes.
Un dimanche de terreur à La Chapelle
Le 22 juin 2025 restera gravé dans la mémoire collective de La Chapelle comme un jour de cauchemar. Les gangs armés ont déferlé sur cette commune paisible de l’Artibonite, semant la mort et la destruction sur leur passage. Selon le rapport du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA), 8 890 personnes issues de 2 257 familles ont été contraintes de tout quitter dans l’urgence.
Le bilan est lourd : six vies fauchées, le sous-commissariat réduit en cendres, le bureau de l’école du district détruit, ainsi que de nombreuses maisons et commerces incendiés. Une scène de désolation qui rappelle malheureusement trop d’épisodes similaires vécus par nos compatriotes ces dernières années.
L’exode vers l’incertain
Face à cette violence aveugle, les familles n’ont eu d’autre choix que de prendre la route de l’exil intérieur. La majorité des déplacés ont trouvé refuge dans d’autres zones de l’Artibonite, tandis que d’autres ont pris la direction du département de l’Ouest. Ces mouvements de population, souvent organisés dans la précipitation, laissent les familles dans un dénuement total, contraintes de recommencer leur vie ailleurs avec pour seul bagage l’espoir de jours meilleurs.
Cette situation n’est pas sans rappeler les parcours de nos compatriotes de la diaspora qui, pour d’autres raisons, ont également dû quitter leur terre natale. La différence, c’est que ces déplacés internes restent prisonniers des frontières nationales, sans possibilité de reconstruire leur vie dans un environnement plus stable.
Une crise humanitaire sans précédent
L’attaque de La Chapelle s’inscrit dans une spirale de violence qui ne cesse de s’amplifier. Rappelons qu’il y a trois mois à peine, les communes de Mirebalais et de Saut-d’Eau avaient subi le même sort, provoquant le déplacement de 147 000 personnes. Ces événements successifs portent désormais le nombre total de déplacés internes à 1,3 million selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).
Ce chiffre vertigineux représente plus de 10% de la population haïtienne totale. Pour mieux comprendre l’ampleur de cette tragédie, c’est comme si toute la population de Port-au-Prince se retrouvait du jour au lendemain sans domicile fixe, errant à travers le pays à la recherche d’un toit et de sécurité.
L’urgence d’une solution durable
Cette nouvelle tragédie soulève des questions fondamentales sur l’avenir d’Haïti. Comment peut-on accepter qu’en 2025, des familles entières soient contraintes de fuir leur foyer par la violence ? Comment nos institutions peuvent-elles protéger efficacement les citoyens face à ces groupes armés qui dictent leur loi ?
Pour nos compatriotes de la diaspora qui suivent avec inquiétude l’évolution de la situation, ces événements rappellent douloureusement pourquoi tant d’entre eux ont dû s’exiler. Mais ils soulignent aussi l’urgence d’une mobilisation collective pour soutenir ceux qui restent et subissent au quotidien cette violence inacceptable.
La situation à La Chapelle n’est pas qu’une statistique de plus dans les rapports internationaux. Elle représente 8 890 destins brisés, 2 257 familles déchirées, et six vies perdues à jamais. Face à cette réalité, le silence n’est plus une option. Il est temps que la communauté internationale, les autorités haïtiennes et la diaspora unissent leurs efforts pour offrir à ces déplacés un avenir digne et sécurisé, loin de la peur et de la violence qui gangrènent leur quotidien.