Après plus de deux ans à la tête du BINUH, la diplomate équatorienne María Isabel Salvador quitte ses fonctions avec un message vibrant d’espoir adressé au peuple haïtien. Entre émotion et encouragements, ses adieux résonnent comme un appel à l’unité nationale face aux défis.
« Haïti est un pays qui m’a profondément touchée », confie María Isabel Salvador dans son message d’adieu publié lundi sur les réseaux sociaux. Ces mots, loin d’être de simples formules diplomatiques, reflètent l’attachement sincère qu’a développé la Représentante spéciale de l’ONU pour un pays qu’elle aura dirigé pendant une période particulièrement tumultueuse.
Un témoignage qui va au-delà des conventions
Rarement un responsable onusien aura exprimé avec autant d’authenticité son ressenti sur Haïti. Dans son message, Mme Salvador évoque « la chaleur des habitants, leur courage et leur détermination à avancer malgré les défis ». Une reconnaissance qui tranche avec les discours souvent techniques et distants de la communauté internationale.
L’Équatorienne, qui maîtrise parfaitement le français, n’hésite pas à puiser dans l’âme haïtienne pour délivrer son message : « Le peuple haïtien porte un héritage unique reçu de vos ancêtres, qui perdure dans le profond de l’âme des hommes et des femmes d’Haïti. » Des mots qui résonnent particulièrement chez un peuple fier de son histoire révolutionnaire.
L’appel à « l’utopie constructive »
Ce qui frappe dans ce message d’adieu, c’est l’invitation au rêve collectif. « Rêver ensemble d’un pays plus juste, plus équitable, plus solidaire et plus paisible », lance-t-elle aux Haïtiens. Une approche qui contraste avec les approches souvent pessimistes sur l’avenir du pays.
Pour Salvador, cet héritage ancestral « n’est pas seulement un souvenir héroïque dont il faut être fier, il est l’esprit d’Haïti pour aller de l’avant, vers l’utopie qui permet d’avancer ». Un concept d’utopie positive qui rappelle que les grandes transformations commencent souvent par un rêve partagé.
Un parcours diplomatique au service d’Haïti
Nommée en mars 2023 pour succéder à l’Américaine Helen Meagher La Lime, María Isabel Salvador n’était pas une novice en matière diplomatique. Forte de 25 ans d’expérience, ancienne ministre des Affaires étrangères de l’Équateur (2007-2008) et représentante de son pays à l’OEA, elle avait pris ses fonctions à un moment critique de l’histoire haïtienne.
Son mandat, bien que relativement court, aura été marqué par une approche différente : celle de l’écoute et du dialogue direct avec les acteurs haïtiens. Dès son arrivée, elle avait affiché sa volonté de « faciliter la construction d’un consensus national pour restaurer la démocratie » – un objectif ambitieux dans un contexte de fragmentation politique extrême.
Entre réalisations et défis persistants
Le bilan de son passage reste contrasté. Si les violences des gangs se sont intensifiées et que l’instabilité politique persiste, Salvador aura néanmoins maintenu un dialogue constant avec les différents secteurs de la société haïtienne. Sa maîtrise du français et sa connaissance des réalités latino-américaines lui ont permis d’établir des ponts dans un contexte souvent tendu entre Haïti et la communauté internationale.
« Les Nations unies demeurent à vos côtés, avec la conviction que Haïti saura surmonter les obstacles », réaffirme-t-elle dans son message. Une promesse qui engage ses successeurs et qui vise à rassurer une population souvent sceptique face aux interventions internationales.
Un héritage d’espoir
En quittant Port-au-Prince, María Isabel Salvador laisse derrière elle plus qu’un simple rapport d’activités. Son message final, empreint d’humanité, rappelle que derrière les statistiques dramatiques et les manchettes alarmistes, il y a un peuple qui mérite respect et considération.
« Je pars avec le cœur rempli de respect et d’affection pour ce pays magnifique et son peuple », confie-t-elle. Ces mots, que beaucoup d’Haïtiens de la diaspora pourraient reprendre à leur compte, illustrent cette relation complexe mais profonde qui unit ceux qui ont vécu l’expérience haïtienne.
Reste maintenant à savoir si son successeur saura poursuivre cette diplomatie de proximité et si les « utopies constructives » qu’elle évoque trouveront un écho dans les actions concrètes de la communauté internationale. Pour les Haïtiens, l’espoir demeure : construire ensemble ce « pays dont vous devez rêver » car, comme le rappelle Salvador, « il est possible ».