Le président du Conseil présidentiel de transition (CPT) sort de son silence et demande des comptes au Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. Contrats suspects, millions en péril et services publics défaillants : retour sur une lettre qui pourrait faire du bruit.
Ce mercredi 9 juillet 2025, Fritz Alphonse Jean a décidé de jouer cartes sur table. Dans une correspondance officielle adressée au chef du gouvernement, le coordonnateur du CPT soulève quatre dossiers brûlants qui touchent directement au portefeuille de l’État haïtien et à la qualité des services offerts aux citoyens.
Un contrat de 25 ans qui fait tiquer
Premier point d’interrogation : le renouvellement du contrat avec Caribbean Port Services (CPS). Selon les informations parvenues au CPT, ce partenariat s’étendrait sur plus de 25 ans, soit presque trois fois la durée habituelle de ce type d’accord.
« Le CPT ignore tout de ce dossier », avoue franchement Fritz Alphonse Jean, qui réclame une transparence totale sur les termes de ce contrat. Pour les Haïtiens qui vivent au quotidien les conséquences de la mauvaise gestion des infrastructures portuaires – files d’attente interminables, coûts élevés des marchandises – cette demande résonne comme un appel à plus de redevabilité.
17 millions de dollars en danger
Le deuxième dossier fait froid dans le dos : la compagnie SCIOP S.A., propriétaire de l’hôtel Oasis, serait dans l’incapacité de respecter ses engagements financiers. Trois institutions publiques stratégiques – l’Office national d’assurance vieillesse (ONA), la Banque nationale de crédit (BNC) et le Fonds de développement industriel (FDI) – risquent de perdre près de 17 millions de dollars américains.
Pour mettre ce montant en perspective : c’est l’équivalent de plusieurs mois de salaire pour des milliers de fonctionnaires haïtiens ou de quoi financer des projets d’infrastructure vitaux dans un pays où chaque dollar compte.
Le casse-tête des passeports
Troisième épine dans le pied : la production des passeports. Cette situation critique touche directement les Haïtiens d’ici et d’ailleurs, surtout ceux de la diaspora qui ont besoin de ces documents pour leurs démarches administratives ou leurs voyages.
Fritz Alphonse Jean exige de connaître les détails des appels d’offres pour choisir le prestataire chargé de ce service sensible. Une demande légitime quand on sait que les dysfonctionnements dans ce secteur peuvent paralyser les projets de voyage et d’immigration de milliers de familles.
Sécurité : où en est-on vraiment ?
Enfin, le CPT veut un bilan concret des mesures anti-insécurité, notamment le fonctionnement de la task force anti-gangs. Cette demande fait écho aux préoccupations quotidiennes des Haïtiens qui attendent des résultats tangibles après des mois de promesses.
« La population a déjà trop souffert. Elle est en droit d’attendre que tous ses dirigeants lui offrent des raisons concrètes de croire en un avenir meilleur », martèle le président du CPT dans sa lettre.
Cette initiative de Fritz Alphonse Jean marque-t-elle un tournant dans les relations entre les institutions de transition ? Alors que le pays traverse une crise multidimensionnelle sans précédent, cette demande de transparence pourrait bien être le signal d’une nouvelle dynamique politique. Reste à voir si le gouvernement Fils-Aimé saura répondre à ces interrogations légitimes avec la même clarté qu’elles ont été posées.