Les bandits de la coalition criminelle resserrent leur étau sur la commune montagneuse. Deux personnes retenues en otage dans une résidence privée, les autorités locales tirent la sonnette d’alarme.
L’offensive ne s’arrête plus. Ce vendredi 11 juillet au petit matin, la localité d’Obléon à Kenscoff a été le théâtre d’une nouvelle attaque de la coalition « Viv ansanm », confirmant que les gangs étendent désormais leur emprise bien au-delà de Port-au-Prince. Une escalade qui glace le sang des habitants de cette commune réputée pour sa fraîcheur et ses paysages, loin du chaos de la capitale.
Prise d’otages et occupation de domicile
« Les bandits assiègent la zone. Ils occupent la résidence privée d’une personnalité très connue de la communauté », a déclaré Massillon Jean, agent exécutif intérimaire de Kenscoff, lors de son intervention sur Panel Magik. Le récit fait froid dans le dos : le gardien de la propriété a réussi à s’échapper avec l’un de ses fils, mais deux autres personnes sont retenues en otage par les criminels.
Cette tactique d’occupation de résidences privées, malheureusement devenue courante dans la zone métropolitaine, fait désormais son apparition dans les hauteurs de Kenscoff. Pour les familles qui ont trouvé refuge dans cette commune pour échapper à l’insécurité de Port-au-Prince, le message est clair : nulle part n’est à l’abri.
Une position stratégique convoitée
L’inquiétude de Massillon Jean est palpable : « Si les bandits parviennent à occuper totalement Obléon, il sera difficile pour les agents de la PNH de les déloger. » Cette zone n’a pas été choisie au hasard. Située en amont de la base Téléco – tristement célèbre pour l’assassinat en février dernier d’un militaire des FAD’H et de deux agents de la BSAP –, Obléon permet d’accéder au sous-commissariat de Plateau Furcy, déjà sous contrôle des bandits.
Les criminels ont fait preuve d’une organisation militaire redoutable, creusant des tranchées pour empêcher la progression des véhicules des forces de l’ordre. Une tactique qui rappelle les méthodes employées dans certains quartiers de Port-au-Prince, désormais exportées vers les zones rurales.
Une offensive coordonnée qui s’intensifie
Cette attaque d’Obléon s’inscrit dans une série d’offensives récentes. Jeudi, les bandits avaient déjà lancé un assaut sur une zone limitrophe de la 4e section de Belle-Fontaine, près de Nouvelle-Touraine. Des rumeurs persistent également concernant l’arrivée de renforts en faveur des criminels, information que les autorités locales disent suivre de près.
« Les bandits ont tendance à lancer leurs attaques durant la nuit », souligne l’agent exécutif intérimaire, appelant l’État central à doter les forces de l’ordre d’équipements adéquats pour les opérations nocturnes. Un appel qui résonne comme un cri d’alarme face à des criminels de mieux en mieux organisés.
Kenscoff, nouveau front dans la guerre des gangs
Pour beaucoup d’Haïtiens, Kenscoff représentait l’un des derniers refuges face à la violence qui gangrène le pays. Cette commune montagneuse, prisée pour ses températures plus clémentes et ses exploitations agricoles, accueille de nombreuses familles ayant fui l’insécurité de la capitale.
L’expansion de « Viv ansanm » vers cette zone marque une nouvelle étape dans la stratégie des gangs, qui ne se contentent plus de contrôler les quartiers populaires mais visent désormais les zones résidentielles et rurales. Une évolution qui inquiète d’autant plus que les forces de l’ordre peinent déjà à reprendre le contrôle des territoires perdus.
Alors que des tirs continuent de résonner dans les hauteurs de Kenscoff et que des renforts sont annoncés pour soutenir les forces de l’ordre, une question cruciale se pose : l’État haïtien pourra-t-il empêcher la gangrène de s’étendre à l’ensemble du territoire national ? Pour les familles d’Obléon et de toute la région, chaque heure qui passe sans intervention efficace rapproche le spectre d’une occupation totale.