Une saisie record de 1 045 kg de cocaïne au large de l’île de la Tortue marque un tournant dans la lutte antidrogue en Haïti. Cette opération spectaculaire révèle l’ampleur des réseaux internationaux qui utilisent les eaux haïtiennes comme autoroute de la drogue.
Dimanche 13 juillet 2025 restera une date marquante dans l’histoire de la lutte antidrogue en Haïti. Ce jour-là, au large de l’île de la Tortue, la Police nationale d’Haïti (PNH) a réalisé un coup de maître en interceptant la plus grosse cargaison de cocaïne jamais saisie dans le pays depuis l’époque de René Préval.
Un combat naval en haute mer
L’opération menée conjointement par l’Unité départementale de maintien de l’ordre (UDMO) et la Brigade de lutte contre le trafic de stupéfiants (BLTS) s’est transformée en véritable bataille navale. Face aux forces de l’ordre, les trafiquants n’ont pas hésité à ouvrir le feu, déclenchant un intense échange de tirs en pleine mer.
Le bilan est lourd : trois trafiquants ont été blessés, dont deux Jamaïcains qui se sont noyés en tentant de fuir après avoir été touchés par des balles. Un autre trafiquant a été mortellement atteint, tandis qu’un ressortissant des Bahamas a été arrêté et placé en garde à vue.
Anthony Jimmy, figure du narco-trafic régional
Parmi les victimes figure Anthony Jimmy, un Jamaïcain considéré comme l’une des têtes pensantes de ce réseau international. Sa mort lors de l’échange de tirs prive les trafiquants d’un élément clé de leur organisation. Son navire, chargé de la précieuse cargaison, est désormais entre les mains des autorités haïtiennes.
Cette saisie de 1 045 kilogrammes de cocaïne, répartie en 49 sacs, représente une valeur astronomique sur le marché noir. Pour mettre les choses en perspective, cette quantité aurait pu alimenter les réseaux de distribution de plusieurs grandes villes américaines pendant des mois.
Un record qui en dit long
« C’est la saisie de cocaïne la plus importante enregistrée en Haïti depuis celle réalisée sous la présidence de René Préval, qui avait permis de mettre la main sur 400 kilos à l’époque », a souligné le commissaire du gouvernement Jeir Pierre. Cette comparaison illustre l’ampleur exceptionnelle de cette prise.
Ce record révèle également une réalité préoccupante : l’intensification du trafic de drogue dans les eaux haïtiennes. L’île de la Tortue, autrefois repaire de flibustiers, est devenue un point de passage stratégique pour les cartels modernes.
Haïti, plaque tournante malgré elle
Cette opération met en lumière le rôle involontaire d’Haïti dans les circuits internationaux de la drogue. Le pays, avec ses nombreuses côtes difficiles à surveiller et sa position géographique stratégique entre l’Amérique du Sud et les États-Unis, attire les trafiquants qui y voient une route idéale.
Pour les familles haïtiennes, cette réalité est particulièrement préoccupante. Combien de jeunes des quartiers populaires de Port-au-Prince, des Cayes ou du Cap-Haïtien sont tentés par l’argent facile que promettent ces réseaux ? Combien de communautés souffrent de la violence qui accompagne inevitablement ce trafic ?
Un signal fort envoyé aux criminels
Cette réussite de la PNH envoie un message clair aux organisations criminelles : les eaux haïtiennes ne sont pas un territoire libre pour leurs activités illégales. Les forces de l’ordre haïtiennes, malgré leurs moyens limités, sont capables de frapper fort quand elles s’organisent efficacement.
L’enquête se poursuit pour identifier les complices locaux et déterminer la destination finale de cette drogue. Car derrière cette saisie se cache forcément un réseau plus vaste, avec des ramifications qui touchent peut-être même la diaspora haïtienne dans les pays de destination.
Cette victoire de la PNH prouve que quand la volonté politique et les moyens opérationnels se conjuguent, Haïti peut remporter des batailles décisives contre les fléaux qui la rongent. Espérons que cette opération marquera le début d’une offensive plus large contre tous les trafics qui empoisonnent notre pays.