Quatre ans après l’assassinat du président Jovenel Moïse, son fils aîné Joverlein sort du silence et s’adresse directement au secrétaire d’État américain Marco Rubio. Dans une lettre poignante, il dénonce l’impunité qui règne et réclame que justice soit enfin rendue.
La douleur d’un fils qui refuse l’oubli. Plus de quatre années se sont écoulées depuis cette nuit tragique du 7 juillet 2021 où le président Jovenel Moïse fut assassiné dans sa résidence privée de Pèlerin 5. Aujourd’hui, Joverlein Moïse, son fils aîné, brise le silence dans une lettre ouverte adressée au nouveau secrétaire d’État américain Marco Rubio.
Cette prise de parole intervient une semaine après l’arrestation de Pierre Réginald Boulos par les services d’immigration américains, ravivant les espoirs de voir enfin la lumière sur cette affaire qui continue de hanter Haïti.
« Des commanditaires protégés sur le sol américain »
Dans sa missive, Joverlein Moïse ne mâche pas ses mots. Il dénonce le fait que « plusieurs commanditaires présumés du crime circuleraient encore librement, certains bénéficiant même de protection sur le sol américain. » Pour le jeune homme, cette situation est d’autant plus révoltante que l’enquête a révélé que le complot contre son père avait été orchestré depuis les États-Unis.
« L’assassinat brutal du président constitutionnellement élu Jovenel Moïse a tué un président, mais pas l’espoir, ni la vision, ni la dignité qu’il incarnait pour son peuple », écrit-il avec émotion. Ces mots résonnent particulièrement chez tous ceux qui, dans la diaspora haïtienne de Miami, New York ou Montréal, continuent de porter le deuil de cette perte immense pour la démocratie haïtienne.
La faillite du système judiciaire haïtien pointée du doigt
Joverlein Moïse n’hésite pas à dresser un constat accablant sur l’état de la justice en Haïti. « Le monde entier sait que le système judiciaire haïtien a été démantelé par ceux qu’il devrait précisément juger », affirme-t-il sans détour.
Cette réalité, tous les Haïtiens la connaissent. Comment espérer un procès équitable dans un pays où les palais de justice sont fermés, où les juges vivent sous la menace des gangs, et où les prisons sont aux mains des criminels ? Pour le fils du président assassiné, extrader des suspects vers Haïti dans ces conditions « serait un acte d’une irresponsabilité flagrante ».
Un appel à la solidarité, pas à l’ingérence
Conscient des sensibilités autour de la souveraineté haïtienne, Joverlein Moïse prend soin de préciser que sa démarche ne constitue pas « un appel à l’ingérence, mais un appel à la décence, à la justice ». Il mise sur les liens historiques entre Haïti et les États-Unis, « deux des plus anciennes nations indépendantes du continent », pour plaider sa cause.
En s’adressant à Marco Rubio, figure bien connue de la diaspora haïtienne en Floride, le jeune homme espère toucher une corde sensible. Le sénateur républicain d’origine cubaine a souvent exprimé sa sympathie pour les peuples caribéens en lutte pour la démocratie.
L’espoir d’une jeunesse qui refuse la fatalité
Au-delà de la quête personnelle de justice pour son père, Joverlein Moïse se pose en porte-parole d’une génération qui refuse la résignation. « Elle est l’expression d’une jeunesse haïtienne debout, qui refuse la fatalité, mais qui sait qu’elle aura besoin de temps, de paix, d’alliés fidèles et de bonne foi pour reconstruire sa patrie libre », écrit-il.
Ces mots font écho aux aspirations de milliers de jeunes Haïtiens, qu’ils soient restés au pays malgré l’insécurité ou qu’ils aient rejoint la diaspora en quête d’un avenir meilleur.
Cette lettre courageuse ravivera-t-elle l’intérêt international pour l’affaire Jovenel Moïse ? Alors que l’impunité semble régner en maître, l’appel de Joverlein Moïse résonne comme un cri du cœur : celui d’un fils qui refuse que l’assassinat de son père reste impuni. La balle est désormais dans le camp de Washington.