Le gouvernement haïtien dévoile un projet ambitieux pour arracher les mineurs à la violence armée et leur offrir une seconde chance. Une initiative cruciale alors que près d’un membre de gang sur trois est encore un enfant.
Un plan d’urgence face à un drame national
Ce mercredi 6 août, la Villa d’Accueil a été le théâtre d’une réunion déterminante pour l’avenir des enfants haïtiens. Les Conseillers-Présidents Leslie Voltaire, Edgard Leblanc Fils et Frinel Joseph, accompagnés du ministre des Affaires sociales Georges Wilbert Franck, ont rencontré la Commission présidentielle chargée de mettre en place le Réseau National de Centres d’Accueil.
Au cœur des discussions : la création imminente de deux centres pilotes destinés à accueillir les enfants les plus vulnérables, notamment ceux enrôlés de force dans les groupes armés. Un projet qui résonne particulièrement dans un pays où la violence des gangs a transformé trop d’enfants en combattants avant même qu’ils ne deviennent adultes.
La Commission, dirigée par André Ibreus et installée le 24 juin dernier, a présenté son budget prévisionnel et son plan d’action concret. Ces structures d’encadrement et de réhabilitation représentent bien plus qu’un simple hébergement : elles incarnent l’espoir d’un nouveau départ pour des milliers de jeunes Haïtiens.
Une réalité alarmante qui touche toutes les familles haïtiennes
Les chiffres de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) glacent le sang : entre 25 et 30% des membres des groupes armés en Haïti sont des enfants. Ces mineurs, souvent issus des quartiers populaires de Port-au-Prince comme Cité Soleil, Martissant ou Village de Dieu, se retrouvent transformés en guetteurs, combattants ou complices lors des opérations de kidnapping.
Pour les familles haïtiennes, qu’elles vivent à Port-au-Prince, aux Gonaïves ou dans la diaspora à Miami, Montréal ou Paris, cette réalité est devenue un cauchemar quotidien. Combien de parents ont vu leurs enfants disparaître dans les dédales de la violence urbaine ? Combien de familles dans la diaspora s’inquiètent pour leurs neveux, cousins ou petits-frères restés au pays ?
Des centres pour redonner espoir et dignité
L’initiative s’inscrit dans le cadre de la Politique Nationale de Protection et de Promotion Sociale, en vigueur depuis juin 2020. Ces centres d’accueil ne se contentent pas de retirer les enfants de la rue : ils proposent un accompagnement complet avec éducation, formation professionnelle, suivi psychologique et réinsertion sociale.
Le projet vise à restructurer l’ensemble des centres d’accueil sur le territoire national, créant un réseau cohérent et professionnel. Une approche qui rappelle les efforts de certaines organisations de la diaspora haïtienne, comme celles de New York ou Boston, qui œuvrent déjà pour la protection de l’enfance en Haïti.
Le Conseil Présidentiel de Transition a placé cette initiative au rang de priorité nationale, conscient que l’avenir du pays dépend largement de sa capacité à protéger et éduquer sa jeunesse.
L’espoir renaît-il enfin pour ces enfants pris au piège de la violence ? Ces centres pilotes représentent peut-être la première pierre d’une reconstruction sociale dont Haïti a cruellement besoin. Car derrière chaque enfant sauvé, c’est toute une famille – ici comme dans la diaspora – qui retrouve l’espoir.