Après une semaine d’occupation par le gang d’« Izo 2 », le site stratégique de Téléco à Kenscoff est de nouveau aux mains de l’État. Une victoire symbolique qui redonne espoir à Port-au-Prince et à tous les Haïtiens.
L’aube du 25 août 2025 a sonné différemment à Kenscoff. Après une nuit de combats intenses marquée par des rafales d’armes automatiques et des explosions, le silence est enfin revenu sur cette commune stratégique. Le verdict est sans appel : Téléco n’appartient plus aux gangs. Dans une opération conjointe menée entre 1h et 4h du matin, la Police nationale d’Haïti (PNH) et la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) ont réussi à déloger les hommes du redoutable « Izo 2 » qui occupaient le site depuis une semaine.
Une opération chirurgicale dans la nuit
Cette reconquête n’a rien laissé au hasard. Les forces combinées ont procédé à un ratissage méthodique, maison par maison, neutralisant chaque poche de résistance. Le bilan de l’opération témoigne de son ampleur : plusieurs bandits tués, d’autres arrêtés, et surtout un important arsenal saisi qui ne servira plus à terroriser la population.
Pour comprendre l’importance de cette victoire, il faut se rappeler que Téléco représente bien plus qu’un simple bâtiment. C’est un symbole de souveraineté nationale, un point névralgique des télécommunications du pays. Son occupation par « Izo 2 » était perçue comme un camouflet à l’autorité de l’État, une humiliation de plus dans une capitale déjà meurtrie.
Les routes de Kenscoff rouvertes
Au-delà du site de Téléco, c’est toute la circulation vers Kenscoff qui redevient possible. Ces routes, véritables artères vitales pour les habitants de la zone, étaient devenues des pièges mortels sous contrôle des criminels. Imaginez les familles de Pétion-Ville ou de Port-au-Prince qui ne pouvaient plus rejoindre leurs proches à Kenscoff, ou les commerçants bloqués dans leurs activités.
« Votre courage et votre résilience nous ont guidés dans cette mission », ont déclaré les responsables de l’opération aux habitants. Ces mots résonnent particulièrement pour une population qui, malgré la terreur, n’a jamais cessé de croire en ses forces de l’ordre.
Fils-Aimé salue une « victoire du peuple haïtien »
La réaction du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé ne s’est pas fait attendre. Pour le chef du gouvernement, cette opération marque « une étape décisive dans la reconquête du territoire national ». Une déclaration qui prend tout son sens quand on sait que chaque quartier, chaque route, chaque institution arrachés aux gangs représentent un pas vers la normalité.
« Chaque victoire de nos forces est une victoire du peuple haïtien », a martelé le Premier ministre. Des mots qui résonnent certainement dans les cœurs de la diaspora haïtienne, de Miami à Montréal, de Paris à New York, où des milliers de familles suivent avec angoisse la situation sécuritaire du pays.
« L’ère de l’impunité touche à sa fin »
Ces mots du directeur général de la PNH, Vladimir Paraison, et du commandant de la MSS, Godfrey Otunge, sonnent comme une promesse. Mais au-delà des déclarations, c’est bien la coordination exemplaire entre forces nationales et internationales qui a permis ce succès.
Cette opération à Kenscoff s’inscrit dans une stratégie plus large de reconquête territoriale. Le gouvernement annonce déjà de nouvelles actions ciblées pour consolider les acquis et étendre la reprise de contrôle sur les zones encore aux mains des gangs.
Un espoir fragile mais réel
Pour les Haïtiens, qu’ils vivent dans les quartiers populaires de Port-au-Prince ou dans les capitales du monde entier, Kenscoff représente peut-être le début d’un nouveau chapitre. Après des mois de revers et d’humiliations, voir l’État reprendre ses droits sur un site aussi symbolique redonne foi en l’avenir.
Certes, le chemin reste long et semé d’embûches. Les gangs contrôlent encore de vastes territoires et disposent toujours d’arsenaux considérables. Mais cette nuit du 24 au 25 août pourrait bien marquer un tournant. À condition que cette dynamique se poursuive et que chaque victoire serve de tremplin pour la suivante.
L’Haïti de demain se construit peut-être dans ces moments où l’État prouve qu’il existe encore.