Le Fonds national de l’éducation distribue une aide d’urgence aux écoles publiques du grand Nord à quelques jours de la rentrée. Un geste nécessaire qui souligne l’état dramatique de nos infrastructures scolaires et l’immensité du défi éducatif haïtien.
Une course contre la montre avant le 1er septembre
À moins d’une semaine de la rentrée scolaire, le temps presse dans les départements du Nord. La directrice générale du Fonds national de l’éducation (FNE), Sterline Civil, a sillonné la région le week-end dernier pour distribuer des chèques totalisant entre 150 et 160 millions de gourdes. Cette aide d’urgence vise à permettre aux écoles publiques les plus dégradées d’effectuer des réparations minimales avant d’accueillir leurs élèves.
« On ne peut pas recevoir les élèves dans n’importe quel espace », a martelé Sterline Civil devant une assemblée de directeurs d’établissements. Un constat qui résonne particulièrement en Haïti, où de nombreuses familles, qu’elles vivent à Port-au-Prince, Jacmel ou Brooklyn, font des sacrifices énormes pour scolariser leurs enfants, souvent en envoyant des fonds depuis l’étranger.
Des travaux urgents mais limités
L’enveloppe permettra essentiellement des interventions légères : réparation des toitures percées, remise en état du mobilier scolaire cassé, rafraîchissement des peintures écaillées et réfection des blocs sanitaires défaillants. Des mesures de base qui illustrent à quel point certaines écoles publiques haïtiennes fonctionnent dans des conditions précaires.
Wilson Antonio, directeur départemental du Centre, salue cette initiative tout en reconnaissant ses limites : « C’est un geste louable. Nous espérons que d’autres initiatives suivront pour soutenir davantage d’écoles. » Dans le Nord-Est, seulement 11 écoles sur plus de 165 bénéficieront de cette aide, selon Lucner Mompremier, directeur départemental de la région.
Transparence et responsabilisation : une nouvelle donne
Pour la première fois dans l’histoire du FNE, les directeurs d’écoles devront rendre des comptes de manière stricte. Chaque bénéficiaire dispose de 20 jours pour réaliser les travaux et fournir un rapport détaillé avec pièces justificatives. Sterline Civil a averti que toute mauvaise gestion pourrait déclencher une enquête de l’Unité de Lutte contre la corruption (ULCC).
Cette approche rappelle l’importance de la transparence dans la gestion des fonds publics, une préoccupation majeure pour les Haïtiens de l’intérieur comme de la diaspora, qui contribuent massivement au financement de l’éducation dans le pays.
Un pansement sur une plaie béante
Si l’initiative du FNE mérite d’être saluée, elle met surtout en lumière l’état catastrophique du système éducatif public haïtien. Ces réparations d’urgence, bien que nécessaires, ne constituent qu’un traitement symptomatique d’un mal profond qui nécessite des investissements structurels à long terme.
Cette aide d’urgence soulève une question fondamentale : quand nos dirigeants investiront-ils massivement et durablement dans l’éducation, ce pilier essentiel de l’avenir d’Haïti ? Car comme le savent si bien les familles haïtiennes d’ici et d’ailleurs, l’école reste le meilleur héritage qu’on puisse léguer à nos enfants.