Sébastien Lecornu, cinquième Premier ministre d’Emmanuel Macron, promet des « ruptures » pour sortir la France de sa crise politique. Mais déjà, la rue gronde avec 175 000 manifestants contre l’austérité. Une situation qui rappelle les défis de gouvernabilité que connaissent bien d’autres nations.
Paris, le 10 septembre 2025 – À peine nommé, déjà contesté. Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu a pris ses fonctions mercredi dans un contexte explosif, marqué par une vague de protestations nationales contre l’austérité budgétaire. Une entrée en fonction qui illustre parfaitement les défis auxquels font face les dirigeants dans un monde où la gouvernabilité devient de plus en plus complexe.
Le contraste est saisissant : tandis que Lecornu promettait des « ruptures » lors de la cérémonie de passation de pouvoir avec son prédécesseur François Bayrou, des centaines de milliers de Français descendaient dans la rue pour exprimer leur colère contre les politiques d’austérité.
Un défi de taille dans un pays fracturé
La tâche qui attend le nouveau chef du gouvernement français s’annonce herculéenne. Cinquième Premier ministre d’Emmanuel Macron depuis 2022 et troisième en un an seulement, Lecornu hérite d’un pays politiquement fracturé en trois blocs sans majorité claire : l’alliance de gauche, le centre-droit et l’extrême droite.
Cette fragmentation politique n’est pas sans rappeler les défis institutionnels que connaissent de nombreux pays, y compris en Haïti où l’absence de consensus politique complique souvent la gouvernance. La différence notable réside dans la stabilité des institutions françaises, qui continuent de fonctionner malgré l’instabilité gouvernementale.
La rue exprime sa colère
La journée « Bloquons tout », organisée via les réseaux sociaux, a mobilisé 175 000 personnes dans toute la France selon les autorités. Les manifestants réclamaient notamment « une plus juste répartition des richesses » et l’abandon des mesures d’austérité prévoyant 44 milliards d’euros d’économies.
Ces revendications de justice sociale résonnent particulièrement dans un contexte mondial où les inégalités se creusent. Pour les Haïtiens de la diaspora vivant en France, ces manifestations témoignent de préoccupations qui dépassent les frontières : l’accès aux services publics, la fiscalité équitable et la redistribution des richesses.
Un Premier ministre déjà sous pression
Malgré ses promesses de « ruptures », Sébastien Lecornu part avec un handicap : 69% des Français estiment que sa nomination « ne correspond pas à leurs attentes » selon un récent sondage. L’opposition annonce déjà une motion de censure, tandis que l’extrême droite attend des « ruptures » concrètes avec la politique menée jusqu’ici.
Cette défiance initiale illustre la difficulté croissante pour les dirigeants politiques de rassembler autour de leur projet. Un défi que connaissent bien les responsables politiques du monde entier, confrontés à des populations de plus en plus exigeantes et informées.
Les forces de l’ordre mobilisées massivement
Face à cette journée de mobilisation, les autorités françaises ont déployé 80 000 forces de l’ordre sur tout le territoire, dont 6 000 dans la capitale. Cette réponse sécuritaire massive témoigne de la crainte des autorités face à un mouvement « protéiforme, sans meneurs identifiés ».
Les 473 interpellations et 267 incendies recensés montrent que, malgré l’absence de « blocage majeur » selon le ministre de l’Intérieur, la tension sociale reste palpable dans l’Hexagone.
Le nouveau Premier ministre français se trouve donc dans une situation que connaissent bien de nombreux dirigeants à travers le monde : comment gouverner efficacement dans un environnement politique fragmenté et socialement tendu ? La réponse de Lecornu à cette équation complexe sera scrutée bien au-delà des frontières françaises, car elle pourrait offrir des enseignements précieux sur l’art de gouverner au XXIe siècle. Une leçon d’autant plus importante que les défis de gouvernabilité touchent aujourd’hui la plupart des démocraties, qu’elles soient établies ou émergentes.