Le président du Conseil présidentiel de transition mène une mission diplomatique cruciale cette semaine à la 80e Assemblée générale de l’ONU. Entre transformation de la MMAS et opposition sino-russe, l’avenir de la sécurité en Haïti se joue dans les couloirs onusiens.
Arrivé samedi 20 septembre à New York, Laurent Saint-Cyr, président du Conseil présidentiel de transition (CPT), entame une semaine décisive pour l’avenir d’Haïti. Sa participation à la 80e Assemblée générale de l’ONU s’annonce comme un moment charnière où se négocient les contours de la stratégie internationale face à la crise haïtienne.
Une délégation de haut niveau pour des enjeux majeurs
Laurent Saint-Cyr ne fait pas le voyage seul. Il est accompagné d’une délégation de poids comprenant le ministre des Affaires étrangères Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, la ministre à la Condition féminine Pédrica Saint-Jean, et le secrétaire d’État à la Sécurité publique Mario Andrésol. Cette composition témoigne de l’importance accordée par Port-au-Prince à cette mission diplomatique.
Le programme est chargé : dès ce lundi 22 septembre, une réunion cruciale au Conseil de sécurité examine la transformation de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en « Force de suppression des gangs », selon une résolution portée conjointement par les États-Unis et le Panama.
La diaspora haïtienne mobilisée
Dimanche 21 septembre, avant d’entrer dans le vif du sujet diplomatique, Laurent Saint-Cyr a pris le temps de rencontrer la communauté haïtienne de New York. Cette rencontre, organisée par le Consulat général, a abordé des préoccupations qui touchent directement nos compatriotes : les difficultés d’immigration, l’intégration de la diaspora, mais aussi les attentes concernant le rétablissement de la sécurité et l’organisation d’élections en Haïti.
Pour les milliers d’Haïtiens établis dans la région tristate (New York, New Jersey, Connecticut), cette rencontre représente un lien précieux avec les autorités de transition du pays natal.
Des obstacles diplomatiques de taille
Cependant, la mission de Saint-Cyr se heurte déjà à des résistances géopolitiques majeures. Selon nos informations, la Chine et la Russie ont « brisé le silence » concernant la proposition américano-panaméenne de création d’une force anti-gangs. Cette opposition des deux puissances dotées du droit de véto au Conseil de sécurité compromet l’adoption rapide du texte et repousse les discussions après l’Assemblée générale.
Cette situation place Haïti dans une position délicate : le mandat actuel de la MMAS arrive à échéance le 2 octobre 2025, et aucune annonce officielle n’a encore été faite concernant sa prolongation.
Entre urgence sécuritaire et réalisme diplomatique
Face à cette complexité, Laurent Saint-Cyr adopte une stratégie à double voie. D’une part, il milite activement pour l’adoption de la proposition de force anti-gangs lors de ses rencontres bilatérales et multilatérales. D’autre part, conscient des obstacles diplomatiques, il plaide parallèlement pour un simple renouvellement du mandat de la MMAS en attendant qu’une décision soit prise sur l’option américaine.
Sa prise de parole prévue jeudi 25 septembre à la tribune de l’ONU sera scrutée de près, tant en Haïti que dans la diaspora. Ce discours pourrait définir les contours de la stratégie haïtienne face à l’insécurité chronique qui paralyse le pays.
Alors qu’Haïti attend des solutions concrètes face à l’emprise des gangs, cette semaine new-yorkaise pourrait déterminer si la communauté internationale parviendra à dépasser ses divisions pour apporter une réponse efficace à la crise haïtienne. Le temps presse, et les attentes sont immenses.