L’ouragan Melissa a laissé une traînée de désolation en Haïti. Le bilan provisoire fait état de 24 décès, 18 disparus et de nombreux blessés. Petit-Goâve, ravagée par les crues de la rivière La Digue, paie le plus lourd tribut. Plus de 1 150 familles sinistrées, des routes détruites, des maisons emportées : le pays compte ses pertes pendant que les secours poursuivent leurs recherches.
Petit-Goâve noyée dans la tragédie
C’est au petit matin du 29 octobre, vers 4 heures, que le cauchemar a commencé pour les habitants de Petit-Goâve. La rivière La Digue, gonflée par les pluies torrentielles de Melissa, est sortie de son lit avec une violence inouïe. Les eaux en furie se sont déversées sur les localités de La Digue et de Borne-Soldat, emportant tout sur leur passage : vies humaines, maisons, véhicules, bétail, récoltes.
Le bilan dans cette seule région est accablant : 20 morts et 18 personnes portées disparues. Des familles entières ont été surprises dans leur sommeil, sans le temps de réagir face à la montée brutale des eaux. Emmanuel Pierre, directeur général de la Protection civile, a confirmé ces chiffres tout en précisant qu’il s’agit d’un bilan provisoire. « Les recherches vont se poursuivre pour retrouver des survivants », a-t-il déclaré, laissant entrevoir que le décompte macabre pourrait encore s’alourdir.
Des blessés pris en charge, mais des infrastructures débordées
L’hôpital Notre Dame de Petit-Goâve a reçu 21 blessés dans les heures qui ont suivi la catastrophe. Selon le Dr Fred Jasmin, administrateur de l’établissement, la plupart présentent des blessures légères, avec un seul cas de polytraumatisme et une fracture. Un soulagement relatif dans ce tableau dramatique, mais qui rappelle aussi la fragilité du système de santé haïtien face à de telles urgences.
Pour les familles qui ont tout perdu, l’angoisse persiste. Beaucoup cherchent encore des proches disparus, scrutant les eaux boueuses avec l’espoir désespéré de retrouver un être cher vivant.
Un bilan qui s’étend au-delà de Petit-Goâve
Lors d’une conférence de presse tenue mercredi après-midi, Emmanuel Pierre a annoncé qu’un corps sans vie avait également été retrouvé dans la mer, dans le département de l’Artibonite. Cela porte à 21 le nombre de décès enregistrés entre le 28 et le 29 octobre, et à 24 le bilan total depuis le début du passage de l’ouragan.
Au-delà des pertes humaines, les dégâts matériels sont considérables. La Protection civile recense 1 156 familles sinistrées, 1 657 personnes placées dans des abris provisoires et 506 maisons inondées. Une section de la route de l’Amitié, cette artère vitale qui relie Jacmel à Port-au-Prince, a été détruite au niveau de Bassin Caïman par la rivière La Gosseline. Cette coupure complique davantage l’acheminement de l’aide et isole encore plus certaines communautés.
Melissa s’éloigne, mais la vigilance reste de mise
Mercredi, l’ouragan Melissa a été reclassé en catégorie 2 et se dirige désormais vers les Bahamas. Cette évolution a permis à l’Unité Hydrométéorologique d’Haïti (UHM) de réduire le niveau de vigilance dans certaines régions. Les départements de la Grand’Anse, des Nippes et du Sud, auparavant en vigilance rouge cyclone, sont passés en vigilance rouge pour fortes pluies et orange pour fortes vagues. L’Ouest est en vigilance orange pour fortes pluies et vagues, tandis que le Sud-Est reste en vigilance rouge pour fortes pluies.
L’Artibonite et le Nord-Ouest demeurent en vigilance orange. L’UHM continue de suivre scrupuleusement la trajectoire de Melissa pour informer la population de ses impacts résiduels, car même éloigné, l’ouragan peut encore provoquer des pluies dangereuses et des inondations.
La diaspora et les Haïtiens se mobilisent
Pour les Haïtiens de la diaspora, particulièrement ceux originaires de Petit-Goâve et des zones touchées, l’inquiétude est immense. Les appels téléphoniques se multiplient pour prendre des nouvelles des proches, tandis que les réseaux sociaux se transforment en plateformes d’entraide et de recherche de personnes disparues.
Sur le terrain, la solidarité haïtienne se manifeste déjà. Des volontaires se joignent aux équipes de secours pour chercher des survivants, distribuer de l’eau potable et de la nourriture, réconforter les familles endeuillées. C’est dans ces moments de détresse que la résilience légendaire du peuple haïtien se révèle avec le plus d’éclat.
Melissa a frappé fort et laissé des blessures profondes. Avec 24 morts confirmés, 18 disparus et des milliers de familles sinistrées, Haïti fait face à une nouvelle épreuve douloureuse. Pendant que les recherches se poursuivent et que l’ouragan s’éloigne, c’est l’heure de la solidarité nationale et internationale. Chaque geste compte, chaque aide peut sauver une vie ou redonner espoir à une famille dévastée. Pour Petit-Goâve et toutes les communautés touchées, le long chemin de la reconstruction ne fait que commencer.
 
									 
					
