Port-au-Prince, 14 décembre 2025 – La situation des droits humains en Haïti est devenue « désespérée » et « catastrophique », selon Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). Dans un tableau sombre corroboré par un rapport des Nations Unies, il affirme que plus de 90% de Port-au-Prince et de sa zone métropolitaine sont sous contrôle des gangs armés, rendant impossible l’exercice des droits les plus fondamentaux.
Le rapport du Groupe d’experts de l’ONU révèle des chiffres alarmants : environ 7 342 personnes ont été assassinées en 2024 en Haïti, dont 3 660 entre juillet et décembre seulement. Les déplacements internes ont atteint un niveau sans précédent avec environ 1 041 000 personnes déplacées, soit plus du triple du chiffre de 2023. Rien qu’en novembre 2024, plus de 40 000 personnes ont fui Port-au-Prince et ses environs.
Le document détaille plusieurs massacres récents, dont celui de Wharf Jérémie à Cité-Soleil (207 morts), les attaques de Viv Ansanm à Pernier et Nazon (220 morts), et l’offensive de Gran Grif à Saint-Marc (une centaine de morts). Il exprime également une « grave préoccupation » concernant l’usage indiscriminé de la force létale par la Police nationale d’Haïti, avec plus de 556 personnes tuées lors d’opérations policières, dont environ 40% n’avaient aucun lien avec des gangs.
Pierre Espérance résume la situation : « Sans sécurité, tous les autres droits deviennent des promesses vides ». Ce constat intervient alors que le pays s’enfonce dans une crise multidimensionnelle où, selon le responsable du RNDDH, « les populations se font elles-mêmes justice » face à l’effondrement de l’autorité de l’État.
