En pleine crise sécuritaire et sociale, le Conseil présidentiel de transition tente d’afficher une réponse institutionnelle à la vulnérabilité croissante des enfants. Ce samedi 13 décembre, le Conseiller-Président Leslie Voltaire a inauguré le pôle Sud du dispositif tripolaire de maisons de rééducation pour enfants, en présence de membres de son cabinet, de cadres du ministère des Affaires sociales et du Travail (MAST) et de l’Institut du Bien-Être Social et de Recherches (IBESR).
Présenté comme un projet structurant, ce dispositif entend offrir une prise en charge aux enfants en situation de précarité ou en conflit avec la loi. Il couvre trois régions stratégiques — Sud, Ouest et Nord — et vise à encadrer des mineurs souvent livrés à eux-mêmes, dans un pays où l’effondrement des institutions a laissé des milliers d’enfants exposés à la rue, à la violence et à l’exploitation.
Pour Leslie Voltaire, cette initiative marque « une étape déterminante » dans la réponse nationale à la vulnérabilité des mineurs. Un discours qui intervient dans un contexte où la crise multidimensionnelle fragilise profondément les droits fondamentaux des enfants, régulièrement pris en étau entre pauvreté extrême, déplacements forcés et violences armées.
Le Conseiller-Président a rappelé que les enfants figurent aujourd’hui parmi les principales victimes de l’insécurité. Selon lui, de nombreux mineurs sont recrutés de force ou sous contrainte par des groupes armés, subissant abus, exploitation et privation de droits essentiels, notamment l’accès à l’éducation et à un cadre de vie sécurisé. Il a révélé qu’en 2025, 2 269 violations graves contre des enfants ont été recensées, soit une augmentation de 500 % par rapport à 2024 — un chiffre qui traduit l’aggravation rapide de la situation.
Face à ce constat alarmant, les autorités affirment vouloir renforcer les mécanismes de protection de l’enfance. Les maisons de rééducation sont présentées comme un outil central pour accompagner ces enfants et favoriser leur réinsertion sociale. Leslie Voltaire a assuré que le financement du projet est déjà garanti, sans toutefois préciser les modalités de mise en œuvre, les capacités d’accueil ni les mécanismes de suivi à long terme.
En conclusion, le Conseiller-Président a insisté sur un principe fondamental : les enfants ne peuvent en aucun cas être tenus responsables des situations qu’ils subissent. Il a appelé les institutions impliquées à élaborer des plans de prise en charge individualisés, adaptés aux besoins spécifiques de chaque enfant.
Reste une question de fond, largement partagée par les acteurs de terrain : dans un pays où la violence continue de produire chaque jour de nouveaux enfants vulnérables, ces structures suffiront-elles à contenir une urgence qui dépasse largement les murs des centres de rééducation ?
