La côte est de Madagascar est actuellement le théâtre d’une crise environnementale majeure, où d’intenses feux de brousse et de forêt dévastent des milliers d’hectares. Amplifiée par une sécheresse inhabituelle, cette catastrophe touche même les zones humides réputées résistantes, comme les forêts denses de l’île.
Une menace omniprésente visible depuis l’espace
Les images satellites de la NASA témoignent de l’ampleur des incendies : une bande rouge intense s’étend du nord au sud, soulignant les zones les plus touchées. « Sur la terre, c’est comme l’enfer », a déclaré Monseigneur Fabien Raharilamboniaina, président de la Conférence épiscopale de Madagascar, pour illustrer l’ampleur du désastre. Depuis la mi-décembre, les départs de feu se multiplient, transformant de vastes étendues de verdure en cendres.
Ranomafana : un parc national sous le feu des flammes
Au parc national de Ranomafana, près de 25 hectares de forêt secondaire ont déjà été détruits. La sécheresse a favorisé la propagation de feux dits « de litière », qui couvent sous les feuilles et se réactivent facilement. « C’est un combat difficile. Le feu peut sembler éteint, mais il renaît sous l’humus lorsqu’il trouve une ouverture », explique Aro Rajaonarivo, directeur des opérations de Madagascar National Parks.
La mairie de Ranomafana a décrété un « jour mort » le 8 janvier, mobilisant employés publics et privés pour lutter contre les incendies. Depuis deux jours, les tam-tams traditionnels appellent les habitants à se joindre aux efforts. Cependant, les moyens restent dérisoires face à l’ampleur du défi.
Une lutte désespérée avec des outils rudimentaires
Les habitants, armés de bêches et de seaux d’eau, tentent d’éteindre les flammes à mains nues. « Nous creusons la terre pour la jeter sur les flammes, mais c’est dangereux, car le feu couve sous le sol. Beaucoup n’ont même pas de chaussures, et les flammes atteignent parfois dix mètres de haut », témoigne Manavotra, employé d’une ONG locale.
Le manque de matériel adéquat, notamment de pompes à eau, rend la tâche presque insurmontable. Malgré leur courage, les villageois peinent à contenir les incendies qui continuent de se propager.
Incendies criminels : une piste privilégiée
Madagascar National Parks a déposé plainte contre X, suspectant une origine criminelle des incendies. Selon les responsables, ces feux pourraient être des représailles liées aux sanctions contre des coupes de bois illégales. Une enquête est en cours, menée par la gendarmerie, pour identifier les auteurs de ces actes destructeurs.
Un impact écologique encore incalculable
Les scientifiques restent prudents quant à l’évaluation des conséquences sur la biodiversité. Toutefois, les dégâts déjà visibles laissent présager des impacts profonds sur l’écosystème, avec des pertes potentielles irréparables pour la faune et la flore uniques de l’île.
Alors que Madagascar lutte pour maîtriser cette catastrophe, la situation met en lumière l’urgence d’un soutien matériel et logistique renforcé pour préserver ce patrimoine naturel inestimable.