PARIS, dimanche 12 janvier 2024 – Dans une analyse approfondie et sans concessions, Me Guerby Blaise, avocat et docteur en droit pénal, fustige l’inaction et la complaisance de l’État haïtien face à la crise sociale et sécuritaire qui ravage le pays. Il dénonce la dégradation alarmante de l’ordre public et appelle à des mesures drastiques pour restaurer l’autorité étatique et protéger les citoyens.
Une cohabitation inacceptable entre politiques et groupes criminels
Pour Me Blaise, l’État haïtien porte une lourde responsabilité dans la montée de l’insécurité, notamment par son incapacité à empêcher la transformation des jeunes issus des quartiers défavorisés en membres de gangs armés. Il critique avec véhémence la « cohabitation des politiques avec ces bandes criminelles », qu’il qualifie de trahison envers le peuple. En pointant du doigt des déclarations de personnalités politiques comme Liné Balthazar, qu’il accuse de soutenir indirectement ces groupes, Me Blaise met en lumière l’ambiguïté de certains responsables publics face à la violence.
Cette situation, exacerbée par « la passivité de certains parquets », engendre une double victimisation des citoyens : d’un côté, les actes terroristes ; de l’autre, l’absence de justice. Pour illustrer ce constat, il rappelle ses démarches infructueuses auprès du parquet de Croix-des-Bouquets en novembre 2024 pour engager des poursuites contre les auteurs d’attaques terroristes, citant notamment l’attaque du Wharf de Jérémie.
L’urgence d’une justice proactive et efficace
Me Blaise exhorte les autorités judiciaires, en particulier le parquet de Port-au-Prince, à se mobiliser et à adopter une approche plus proactive face à cette crise sécuritaire. Il souligne le rôle central du commissaire du Gouvernement, Magistrat Lionel Constant Bourgoin, tout en exprimant son étonnement face à l’inaction de cette institution. Pour lui, l’efficacité des poursuites pénales repose sur des moyens matériels adéquats, notamment dans la capitale, où les défis sont particulièrement importants.
Il interpelle également le ministre de la Justice, Dr Patrick Pélissier, sur la nécessité d’adopter des mesures immédiates et décisives. Selon Me Blaise, l’actuel ministre doit se démarquer de l’inertie de son prédécesseur et envisager des solutions audacieuses, telles que la suspension temporaire des droits fondamentaux des criminels, une position qu’il défend dans sa thèse.
Une critique acerbe de la gouvernance actuelle
Sur le plan politique, Me Blaise exprime des réserves sur la légitimité de certains acteurs impliqués dans la gouvernance actuelle. Il remet en question le rôle du représentant du Parti EDE, ancien Premier ministre de fait lors de l’assassinat de Jovenel Moïse, dans les processus de décision actuels. Il appelle à une démonstration de patriotisme sincère de la part des responsables politiques, tout en rejetant catégoriquement les propositions de cohabitation politique récemment mises en avant par des groupes tels que “Viv Ansanm”.
Pour Me Blaise, ces initiatives ne font que perpétuer l’impunité et le mépris des droits des victimes. Il appelle la population, la communauté internationale, et la CARICOM à condamner fermement ces tentatives de légitimation des criminels sous couvert de consensus politique.
Un appel à l’action immédiate
En conclusion, Me Guerby Blaise exhorte le ministre de la Justice à instaurer un suivi rigoureux des affaires judiciaires et à renforcer la sécurité des citoyens. Rappelant l’importance de la justice dans la stabilité d’un État, il insiste sur la nécessité d’une réponse immédiate et résolue pour éviter une alliance toxique entre politiques et terroristes.
Selon lui, seule une gouvernance basée sur la responsabilité, la justice et le respect des droits fondamentaux pourra sortir Haïti de cette crise profonde.