Le secteur financier haïtien évolue dans un contexte marqué par des défis économiques, politiques et sécuritaires. Malgré ces difficultés, il parvient à maintenir une certaine stabilité grâce à la régulation bancaire, aux ajustements stratégiques des banques commerciales et aux mesures prises par la Banque centrale.
Une conférence pour analyser la résilience du secteur financier
Port-au-Prince, le 13 février 2025 – Lors d’une conférence organisée par l’Université Quisqueya dans le cadre des « Lundis du CREGED » (Centre de Recherches en Gestion et en Économie du Développement), le gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), Ronald Gabriel, a présenté une analyse sur la résilience du secteur financier haïtien.
Son intervention a porté sur plusieurs points :
- L’évolution du système financier sous la régulation de la BRH
- Le profil du PIB réel et son impact sur les banques
- La rentabilité du secteur bancaire
- La stabilité du système financier en période de crise
- La capacité du secteur à absorber les chocs économiques
Une rentabilité maintenue malgré les difficultés
Selon les données présentées, les profits nets réels du système bancaire ont progressé de 2,8 % entre 2022 et 2024, bien que cette évolution ait connu des variations. Lors de certaines périodes de contraction économique, des baisses ont été enregistrées, mais le secteur a globalement maintenu sa rentabilité.
Le gouverneur a également souligné que les années 2016 et 2017 ont été marquées par des profits exceptionnels, principalement en raison de la vente de filiales non bancaires par certaines institutions financières.
Un système stable malgré les crises
Lors des périodes de troubles socio-politiques, l’indice de stabilité du secteur bancaire haïtien a baissé, mais il est resté au-dessus du seuil critique, permettant la continuité des opérations.
Une capacité d’adaptation face aux chocs économiques
Malgré un climat économique difficile, le secteur bancaire haïtien a su absorber les chocs grâce à :
- Un niveau de fonds propres supérieur au seuil minimal requis de 5 %
- Une gestion prudente du risque
- L’intervention de la BRH pour préserver la stabilité du secteur
Des défis structurels persistants
Le gouverneur Gabriel a toutefois souligné plusieurs limites du système financier haïtien :
- Un faible taux de transformation, avec un volume de crédits accordés inférieur aux dépôts détenus
- Une concentration de l’actionnariat limitant la diversification du secteur
- Une intermédiation financière insuffisante pour soutenir le développement économique
Perspectives et réformes nécessaires
Pour renforcer la stabilité du secteur financier, il a recommandé :
- Une meilleure inclusion financière pour faciliter l’accès au crédit
- Un renforcement de la gouvernance et de la transparence bancaire
- Des mesures favorisant l’investissement productif et la diversification du système financier
En dépit de sa résilience, le secteur financier haïtien demeure vulnérable et nécessite des réformes pour mieux contribuer au développement économique du pays.