Port-au-Prince, 19 février 2025 – Dans un climat de violence persistante en Haïti, la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) a émis des avis de recherche contre plusieurs figures politiques, dont les anciens parlementaires Nenel Cassy et Alfredo Antoine, pour leurs liens présumés avec des groupes criminels. Face à ces accusations, Me Samuel Madistin, président de la Fondasyon Je Klere (FJKL), exige un procès public afin d’établir la vérité sur leur implication supposée.
« Trop souvent cités dans des actes criminels »
Selon Me Madistin, les noms de Nenel Cassy et Alfredo Antoine reviennent fréquemment dans des affaires de grande criminalité, nécessitant une clarification judiciaire immédiate. « Leur situation doit être réglée par un tribunal dans le respect des principes d’un procès public, oral et contradictoire », insiste-t-il.
L’ancien sénateur Nenel Cassy est notamment cité dans l’assassinat de l’ancien diplomate Pierre Matilus, tué à Delmas 40B. « Il était déjà recherché par la DCPJ à cette époque, mais n’a jamais répondu devant la justice », souligne Me Madistin, rappelant également son soutien présumé à un groupe armé de Mariani, impliqué dans des assassinats de policiers et de civils. Fantom 509, groupe accusé d’incendies criminels à Port-au-Prince, aurait également bénéficié de son appui.
Alfredo Antoine et un vaste réseau de spoliation immobilière
De son côté, Alfredo Antoine est accusé d’être au cœur d’un réseau de spoliation immobilière. Selon Me Madistin, l’ex-député serait impliqué dans le vol de biens immobiliers abandonnés ou appartenant à des expatriés. « Il a participé à la vente frauduleuse d’un immeuble fictif à l’Office National d’Assurance-Vieillesse (ONA), un dossier jamais élucidé », dénonce-t-il.
Face à ces allégations, la FJKL demande à la DCPJ de transmettre leurs dossiers à la justice sans délai. Me Madistin rappelle que ces affaires relèvent de l’éthique de conviction et de responsabilité évoquée par Max Weber, où il faut choisir entre l’impunité, le chaos et la nécessité de rétablir l’ordre public.
Un appel à des mesures fermes contre les instigateurs de la violence
Dans un contexte où Kenscoff, la Croix-des-Bouquets, Tabarre et l’Artibonite sont ravagés par la criminalité, Me Madistin exhorte les autorités à agir avec fermeté contre ceux qui alimentent ces violences. « Les mains qui nourrissent ces exactions doivent être coupées, si elles sont réellement identifiées », martèle-t-il.
Alors que le débat sur l’opportunité et la légalité de ces avis de recherche divise l’opinion, Me Madistin insiste sur l’importance d’une décision judiciaire transparente et respectueuse des droits de la défense. Seule une justice impartiale pourra établir les responsabilités et restaurer la crédibilité des institutions haïtiennes.