New York, 4 mars 2025 – L’Organisation des Nations Unies a tiré la sonnette d’alarme sur la multiplication des prises d’otages, utilisées comme un levier de négociation par certains États et groupes non étatiques. Dans un rapport présenté devant le Conseil des droits de l’homme, Alice Jill Edwards, Rapporteure spéciale sur la torture, a qualifié cette pratique de « cruauté absolue », impliquant presque systématiquement des actes de torture physique et psychologique.
Une crise aux proportions alarmantes
D’après Hostage International, plus de 500 victimes de prises d’otages et de détentions arbitraires ont été assistées au cours des deux dernières décennies. De son côté, Hostage Aid Worldwide a recensé, fin 2023, des otages provenant de 53 nationalités différentes. Ces chiffres, bien que préoccupants, ne reflètent qu’une fraction de l’ampleur réelle du phénomène, selon Mme Edwards.
L’experte onusienne a mis en lumière la recrudescence des enlèvements orchestrés par des États, pointant du doigt des pays comme la Chine, l’Iran, la Corée du Nord, la Russie, les Émirats arabes unis, le Venezuela et le Myanmar. Ces détentions arbitraires, souvent justifiées par des accusations infondées, servent de moyen de pression pour obtenir des gains politiques ou économiques.
Un outil de terreur et de domination
Les groupes armés et terroristes ne sont pas en reste. Alice Jill Edwards a évoqué les enlèvements massifs perpétrés par Boko Haram, ainsi que les événements du 7 octobre 2023, lorsque le Hamas et d’autres groupes armés ont pris des civils en otage en Israël. Les témoignages des survivants dressent un tableau effroyable des conditions de détention : privation de nourriture, sévices physiques et psychologiques, simulacres d’exécution, et violences sexuelles.
« Les victimes sont arrachées à leur quotidien, enfermées dans des sous-sols insalubres ou des camps de fortune, traitées comme des pions dans des jeux de pouvoir cyniques », a dénoncé Mme Edwards. Pour elle, la prise d’otages n’est rien de moins qu’une forme de torture et une violation flagrante des droits fondamentaux.
Haïti face à la spirale des enlèvements
Le rapport de l’ONU met également en exergue la situation critique en Haïti, où les kidnappings contre rançon ont explosé ces dernières années. Des groupes criminels, notamment affiliés à l’organisation Viv Ansanm, exploitent la vulnérabilité de la population pour s’enrichir, plongeant le pays dans un climat de peur et de précarité économique. Cette mécanique infernale a contribué à l’effondrement de la classe moyenne et accentué l’instabilité du pays.
Face à cette crise mondiale, Mme Edwards exhorte la communauté internationale à agir avec fermeté, notamment en renforçant les enquêtes de la Cour pénale internationale et en imposant des sanctions ciblées contre les États et entités impliqués. « Tant que ces crimes resteront impunis, la prise d’otages continuera d’être un instrument redoutable de manipulation et de destruction », a-t-elle conclu.