L’administration de Donald Trump a annoncé la révocation du statut légal de plus d’un demi-million de Cubains, Haïtiens, Nicaraguayens et Vénézuéliens entrés aux États-Unis sous l’administration Biden dans le cadre du programme « Humanitarian Parole ». Cette décision, relayée ce vendredi 21 mars 2025 par le Miami Herald, constitue un tournant majeur dans la politique migratoire américaine.
Un retour en arrière sur la politique migratoire
Selon un avis publié mardi au Federal Register, les bénéficiaires du programme – connu sous l’acronyme CHNV pour désigner les quatre nationalités concernées – devront quitter le territoire américain à l’expiration de leur libération conditionnelle s’ils ne disposent pas d’une autre protection légale, telle qu’une demande d’asile en cours. Un délai de 30 jours leur est accordé avant qu’ils ne deviennent prioritaires pour l’expulsion.
En outre, les autorisations de travail accordées aux bénéficiaires de ce programme seront révoquées. L’administration Trump justifie cette décision en affirmant que l’arrivée massive de ces migrants a surchargé les services d’immigration et les infrastructures aéroportuaires, en particulier en Floride, où 75 % des entrées ont eu lieu. L’avis précise que ces programmes « ne présentent pas d’intérêt public significatif » et qu’ils sont « incompatibles avec les objectifs de politique étrangère de l’administration ».
Une décision aux conséquences humanitaires lourdes
Cette révocation intervient dans un contexte de durcissement général des politiques migratoires américaines sous la présidence de Donald Trump. Avant cette annonce, l’administration avait déjà réduit les protections accordées aux Vénézuéliens et aux Haïtiens en mettant fin à leur Statut de Protection Temporaire (TPS). Aujourd’hui, des centaines de milliers de personnes se retrouvent soudainement menacées d’expulsion.
Pour les Haïtiens, cette décision est particulièrement dramatique. Nombre d’entre eux avaient vendu leurs biens et quitté leur emploi pour trouver refuge aux États-Unis, fuyant une insécurité croissante alimentée par les violences des gangs. Selon un rapport de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), près de 60 000 personnes ont été contraintes de quitter leurs domiciles à Port-au-Prince en raison de l’escalade de la violence. Beaucoup d’Haïtiens installés aux États-Unis sous ce programme risquent désormais d’être renvoyés dans un pays plongé dans une crise humanitaire sans précédent.
Des recours légaux envisagés
Les avocats spécialisés en immigration préparent déjà des actions en justice pour contester cette décision. Ils soutiennent que les migrants admis sous ce programme ont respecté toutes les exigences légales et ne devraient pas être pénalisés par une révocation soudaine de leur statut.
« Nous parlons de près de 500 000 personnes qui sont entrées légalement dans le pays et qui ont respecté les règles », a déclaré Elizabeth Amaran, avocate spécialisée en immigration à Miami. « Leur refuser leur droit au travail et les rendre expulsables est une mesure arbitraire et cruelle. »
Cette décision pourrait également se heurter à des résistances politiques, notamment au sein de la communauté cubano-américaine, un électorat clé pour Donald Trump en Floride. Ce programme avait permis à de nombreuses familles de se réunir aux États-Unis, et sa révocation risque de créer un malaise au sein de cette base électorale traditionnelle du Parti républicain.
Une nouvelle bataille politique et juridique en vue
L’annonce de l’administration Trump relance le débat sur l’avenir des politiques migratoires américaines et la gestion des flux de migrants en provenance des pays en crise. L’absence de garde-fous législatifs sous l’administration Biden a rendu cette mesure vulnérable à une révocation rapide, laissant des centaines de milliers de personnes dans l’incertitude.
Pour les organisations de défense des migrants, il s’agit d’une attaque directe contre des personnes qui avaient trouvé une voie légale pour vivre et travailler aux États-Unis. « Ce n’est pas seulement une question de migration illégale. Il s’agit ici de personnes qui avaient un statut légal et qui, du jour au lendemain, sont privées de leur protection », a déclaré Adelys Ferro, directrice du Venezuelan American Caucus.
Dans les semaines à venir, la décision de l’administration Trump sera probablement contestée devant les tribunaux, mais en attendant, elle plonge des milliers de familles dans l’angoisse d’une expulsion imminente.