Un partenariat stratégique signé à Washington vise à relancer l’économie et renforcer la résilience nationale
Washington, D.C. – En pleine crise économique et sécuritaire, Haïti pose les jalons d’un avenir plus stable. Le 21 avril 2025, lors des réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale, le ministre haïtien de l’Économie et des Finances, Alfred Metellus, et le président de la Banque interaméricaine de développement (BID), Ilan Goldfajn, ont signé un protocole d’accord historique. Ce partenariat stratégique, qui s’étend de 2025 à 2030, ambitionne de relancer le développement d’Haïti à travers un plan quinquennal axé sur la croissance économique, l’amélioration des services sociaux et le renforcement de la gouvernance. Cette initiative marque un tournant dans la quête d’un développement inclusif et durable pour un pays confronté à des défis sans précédent.
Un plan pour sortir de la crise
Le Plan de développement à moyen terme 2025-2030, au cœur de cet accord, vise à coordonner les efforts de l’État haïtien avec ceux des institutions multilatérales, telles que la Banque mondiale, les Nations Unies et l’Union européenne. Dans un contexte où Haïti lutte contre la violence des gangs, une insécurité alimentaire touchant 5,7 millions de personnes et une inflation galopante de 30 %, ce partenariat se veut une réponse structurée aux crises multiples qui paralysent le pays.
Le plan repose sur trois piliers stratégiques. Tout d’abord, le développement économique, qui mettra l’accent sur des investissements publics et privés pour stimuler l’entrepreneuriat, soutenir l’agriculture et l’industrie, et créer des emplois durables. Ensuite, l’amélioration des services sociaux de base, avec des investissements ciblés dans l’éducation, la santé, l’accès à l’eau potable et à l’électricité, pour renforcer le capital humain et garantir les droits fondamentaux. Enfin, le renforcement institutionnel, qui inclut la modernisation de l’administration publique, la lutte contre la corruption, la digitalisation des services et la décentralisation.
Un accent particulier sera mis sur le développement régional. En promouvant la croissance dans les zones rurales et les villes secondaires, le plan cherche à réduire la pression sur la région métropolitaine de Port-au-Prince, où la violence des gangs et la surpopulation exacerbent les tensions. « Ce plan n’est pas seulement une vision pour la capitale, mais pour tout Haïti », a déclaré Alfred Metellus lors de la cérémonie de signature.
Une “Journée d’Haïti” pour mobiliser les partenaires
L’accord a été précédé par une “Journée d’Haïti” organisée à Washington, un événement clé qui a réuni des membres de la délégation haïtienne, des bailleurs de fonds, des représentants du secteur privé et de la société civile. Cette plateforme a permis de présenter les grandes lignes du plan et de mobiliser des engagements financiers et techniques. « Nous avons besoin d’un soutien international, mais aussi d’une responsabilité partagée », a souligné Metellus, insistant sur la nécessité de transparence et de redevabilité pour restaurer la confiance de la population haïtienne.
La BID, partenaire de longue date d’Haïti, jouera un rôle central dans la coordination de ces efforts. Le président Ilan Goldfajn a salué l’engagement du gouvernement haïtien à rompre avec les approches fragmentées du passé. « Ce plan représente une opportunité unique de construire un Haïti résilient, inclusif et prospère », a-t-il affirmé, promettant un accompagnement technique et financier pour sa mise en œuvre.
Un espoir face à des défis colossaux
Cet accord intervient à un moment critique pour Haïti. Avec plus d’un million de personnes déplacées internes, une économie informelle en lambeaux et des institutions fragilisées par des années d’instabilité, le pays fait face à des obstacles majeurs. La violence des gangs, qui contrôlent 85 % de Port-au-Prince et s’étendent à des régions comme l’Artibonite, entrave l’acheminement de l’aide et les projets de développement. De plus, l’arrêt de nombreux programmes humanitaires depuis janvier 2025, en raison de financements incertains, a aggravé l’insécurité alimentaire et les conditions de vie.
Pourtant, le ministre Metellus reste optimiste. « Ce partenariat avec la BID est un signal fort que Haïti peut se relever », a-t-il déclaré. Il a appelé à des actions concrètes pour reconstruire les institutions et redonner espoir à une population épuisée par les crises. La digitalisation des services publics et la décentralisation, en particulier, sont vues comme des leviers pour moderniser l’État et rapprocher l’administration des citoyens.
Un appel à l’unité nationale et internationale
La “Journée d’Haïti” a également permis de mobiliser le secteur privé, essentiel pour dynamiser l’économie. Des discussions ont porté sur des projets d’infrastructures, comme l’amélioration des réseaux électriques et routiers, et sur le soutien aux petites et moyennes entreprises, qui constituent le cœur de l’économie haïtienne. La société civile, représentée lors de l’événement, a insisté sur l’importance d’inclure les communautés locales dans la planification pour garantir l’équité et la durabilité des initiatives.
Sur les réseaux sociaux, des voix haïtiennes saluent cette initiative tout en restant prudentes. « Un plan, c’est bien, mais il faut des résultats tangibles pour que le peuple y croie », écrit un utilisateur sur X, reflétant un mélange d’espoir et de scepticisme face aux promesses de développement.
Une feuille de route pour l’avenir
L’accord entre Haïti et la BID marque une rupture avec les approches passéistes, souvent critiquées pour leur manque de coordination. En s’appuyant sur une planification stratégique et une collaboration internationale, ce plan quinquennal pourrait poser les bases d’une transformation profonde du pays. Toutefois, son succès dépendra de la capacité du gouvernement à surmonter les défis sécuritaires et à maintenir la confiance des partenaires et des citoyens.
Alors que Haïti navigue dans une période de turbulences, ce partenariat offre une lueur d’espoir, rappelant que même dans les moments les plus sombres, une vision collective peut ouvrir la voie à un avenir meilleur. « Nous avons une chance unique de reconstruire Haïti pour tous ses citoyens », a conclu Metellus, un message qui résonne comme un appel à l’action pour une nation en quête de renouveau.