La suspension des activités d’un symbole du tourisme haïtien reflète la crise sécuritaire qui paralyse la capitale
Port-au-Prince – Dans un nouveau coup dur pour Haïti, l’hôtel Marriott, situé à Turgeau, a annoncé la suspension temporaire de ses activités en raison de la dégradation alarmante du climat sécuritaire. Cette décision, révélée le 23 avril 2025, intervient quelques heures après des affrontements meurtriers à Pacot, où au moins six personnes, dont un policier, ont été tuées. Alors que la violence des gangs de la coalition Viv Ansanm continue de plonger la capitale dans le chaos, la fermeture de cet établissement emblématique, conjuguée à celle de l’Hôpital universitaire de Mirebalais, illustre l’impact dévastateur de la crise sur les secteurs clés du pays.
Une décision dictée par la violence
Jean Philippe Brun, responsable de Digicel Haïti et propriétaire de l’immeuble abritant l’hôtel Marriott, a confirmé la nouvelle au Nouvelliste. « Avec la dégradation du climat sécuritaire, Marriott a pris la décision de suspendre temporairement ses activités en Haïti », a-t-il déclaré. « Marriott est engagé envers Haïti, mais leur but est d’offrir un climat agréable et sain pour la clientèle et les employés. Malheureusement, avec le climat d’aujourd’hui, Marriott ne peut pas garantir cela et a été forcé de prendre cette décision difficile. »
La fermeture survient dans la foulée d’affrontements sanglants à Pacot, un quartier voisin, où des combats entre la Police nationale d’Haïti (PNH), des brigades d’autodéfense et les gangs ont fait au moins six morts, dont un policier, deux soldats et quatre civils armés. Selon des rapports locaux, les criminels ont décapité et profané les corps des victimes, une pratique macabre qui amplifie la terreur dans la capitale. Ces violences, relayées par Gazette Haiti et Metropole HT sur X, ont exacerbé un climat de peur, rendant l’exploitation d’un établissement comme le Marriott intenable.
Un symbole du tourisme en péril
L’hôtel Marriott, ouvert en 2015 avec le soutien de Digicel Haïti, était un symbole de la résilience du secteur touristique haïtien, attirant des visiteurs internationaux et des professionnels dans un pays en quête de relance économique. Sa fermeture, même temporaire, est un revers majeur pour l’industrie, déjà fragilisée par des années d’instabilité. Jean Philippe Brun a exprimé son regret face à cette situation : « Nous valorisons notre rapport avec Marriott et comprenons la difficulté de cette décision. C’est extrêmement malheureux pour le tourisme en Haïti, mais nous croyons toujours au potentiel du pays et espérons une amélioration future. »
Sur X, des Haïtiens déplorent cette nouvelle perte. « Marriott ferme, Mirebalais ferme, bientôt plus rien ne fonctionnera », écrit un utilisateur, reflétant le sentiment d’abandon qui gagne la population. Avec 5,7 millions de personnes en insécurité alimentaire et plus d’un million de déplacés internes, la fermeture d’infrastructures clés comme l’hôtel Marriott aggrave la crise humanitaire et économique.
Un impact sur l’économie et l’image d’Haïti
La fermeture de Marriott n’affecte pas seulement le tourisme, mais aussi l’emploi local et l’attractivité d’Haïti pour les investisseurs. L’hôtel employait des dizaines de personnes et servait de point d’ancrage pour des conférences et des missions internationales. Sa suspension, dans la foulée d’autres fermetures comme celle de l’HUM, risque de renforcer la perception d’un pays ingouvernable, compliquant les efforts du gouvernement pour mobiliser des financements, comme le récent partenariat avec la Banque interaméricaine de développement (BID) pour 2025-2030.
Jean Philippe Brun reste optimiste malgré les circonstances : « Nous espérons que la situation s’améliorera et que Marriott pourra reprendre ses activités. » Mais pour l’instant, la réalité est sombre. Les gangs, qui ont étendu leur emprise à des villes comme Mirebalais et Saut-d’Eau, continuent de semer la peur, décourageant toute reprise économique.
Un appel à l’unité face au chaos
Le Premier ministre Fils-Aimé a insisté sur la nécessité d’une mobilisation collective. « La population, le gouvernement et la police mettent la main à la pâte pour stopper les bandits », a-t-il affirmé, saluant le courage des brigades d’autodéfense, malgré les lourdes pertes à Pacot. Cependant, sur X, des voix s’élèvent pour critiquer l’inaction de l’État : « Marriott ferme, les hôpitaux ferment, et le gouvernement parle de combats. Où sont les résultats ? » écrit un utilisateur.
Les organisations internationales, comme l’ONU, appellent à un renforcement urgent de la MSS et à des corridors sécurisés pour protéger les infrastructures vitales. Sans une intervention massive, Haïti risque de perdre davantage de ses institutions clés, plongeant le pays dans une crise encore plus profonde.
Un avenir incertain pour Port-au-Prince
La fermeture de l’hôtel Marriott, tout comme celle de l’HUM, est un signal alarmant de l’effondrement des services essentiels en Haïti. Alors que les gangs de Viv Ansanm poursuivent leur expansion, la capacité du gouvernement à restaurer la sécurité reste limitée. La population, prise entre la peur et la résilience, attend des actions concrètes pour préserver ce qui reste du tissu économique et social du pays.