Face à l’incapacité du Conseil Présidentiel de Transition à juguler la crise, Pitit Dessalines envisage de rappeler son représentant
Un an après son installation, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) est sous le feu des critiques, et Jean Charles Moïse, leader de Pitit Dessalines, menace de retirer son représentant si la crise sécuritaire persiste. Pour les Haïtiens, d’Haïti à la diaspora, cet ultimatum résonne comme un appel à l’action face à un pays au bord du gouffre.
Un an d’échec cuisant
Le 25 avril 2025 marquait le premier anniversaire du CPT, mais il n’y a rien à célébrer. Formé par l’Accord du 3 avril 2024 pour rétablir la sécurité, réformer la Constitution et organiser des élections d’ici février 2026, le conseil de neuf membres a failli à ses promesses. Les gangs de Viv Ansanm contrôlent 85 % de Port-au-Prince et des régions comme l’Artibonite, les routes nationales sont des coupe-gorge, et des institutions comme l’Hôpital de Mirebalais ont fermé. « On vit dans la peur, et le CPT regarde ailleurs », se lamente Marie, une marchande de Jacmel.
C’est dans ce contexte que Jean Charles Moïse, secrétaire général de Pitit Dessalines, a brisé le silence sur Magik9 le 28 avril. Représenté au CPT par Emmanuel Vertilaire, son parti menace de rappeler son conseiller d’ici deux semaines si des mesures concrètes ne sont pas prises pour neutraliser les gangs. « L’incapacité et l’irresponsabilité du CPT sont inacceptables », a-t-il tonné, dénonçant un conseil plus préoccupé par les « contrats juteux » que par la souffrance du peuple.
Une facture salée pour rien
Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), dirigé par Pierre Espérance, a révélé que le CPT coûte 93,5 millions de gourdes par mois, soit 1,122 milliard de gourdes en un an. Chaque conseiller empoche 10 millions mensuels, incluant des frais absurdes : 925 000 gourdes pour la nourriture, 350 000 pour le petit-déjeuner et le lunch, et jusqu’à 5 millions pour les fêtes pascales. À Miami, où la diaspora envoie des fonds pour survivre, ces chiffres scandalisent. « On se prive pour aider nos familles, et eux se gavent ! » s’indigne Jean, un restaurateur haïtien.
Moïse a critiqué des conseillers comme Fritz Alphonse Jean, accusé d’avoir quitté une réunion cruciale sur la sécurité pour des raisons futiles. « Ils préfèrent les commissions aux solutions », a-t-il lancé, tentant de dissocier Pitit Dessalines de cet échec. Avec une seule voix sur neuf, son parti peine à peser, mais son ultimatum pourrait secouer le conseil.
Les gangs gagnent, le peuple fuit
La crise sécuritaire est hors de contrôle. Les gangs bloquent les axes routiers, isolant Port-au-Prince, et forcent des centaines de milliers de familles à fuir. Le RNDDH recense 13 massacres en un an, tandis que des quartiers comme Delmas et Kenscoff tombent. Le Conseil National de Sécurité, créé en décembre 2024, reste une coquille vide, et la Police nationale d’Haïti, minée par des conflits internes, est dépassée. À Pétion-Ville, où les brigades d’autodéfense luttent, l’espoir s’amenuise. « On se bat seuls », confie un habitant.
À Montréal, où les Haïtiens suivent les nouvelles avec angoisse, la diaspora craint pour les siens. « Ma sœur a fui Carrefour, mais où va-t-elle aller ? » s’inquiète une étudiante. Le CPT, retranché à la Villa d’Accueil après avoir abandonné le Palais national, semble impuissant, et les élections promises pour 2025 s’éloignent.
Un appel à la mobilisation nationale
Jean Charles Moïse, ex-sénateur du Nord, propose une alternative radicale : relancer une mobilisation nationale pour « chasser le CPT budgétivore » et réunir les forces vives – partis, société civile, diaspora – pour une solution globale. Cette idée rappelle les grandes manifestations de 2019, quand le peuple haïtien, de Port-de-Paix à Miami, réclamait un changement. « On ne peut pas cautionner cette dérive », insiste Moïse, qui veut redonner la parole au peuple.
Des initiatives comme le don de 50 millions de dollars de la Banque Mondiale pour l’agriculture montrent qu’un avenir est possible, mais sans sécurité, ces efforts risquent d’échouer. À Brooklyn, des organisations comme Haitian Bridge Alliance appellent à soutenir cette mobilisation. « Si le CPT ne bouge pas, nous, on bougera », promet un militant.
Un ultimatum pour l’histoire
L’ultimatum de Pitit Dessalines est un défi lancé au CPT, mais aussi un appel à tous les Haïtiens. Avec seulement dix mois avant la fin de son mandat, le conseil doit agir, ou risquer une implosion. À nous, d’Haïti et de la diaspora, de transformer cette colère en action. Comme nos ancêtres à Vertières, pouvons-nous nous lever pour reprendre notre pays ? Jean Charles Moïse a ouvert la porte ; à vous de décider si vous la franchirez. Partagez vos idées : comment sauver Haïti ensemble ?