Le président dominicain Luis Abinader a profité de la tribune des Nations unies pour réclamer une mission internationale plus musclée contre les gangs haïtiens. Entre appels à l’action et justification des déportations, son discours ne laisse personne indifférent.
Mercredi à New York, devant la 80e Assemblée générale de l’ONU, Luis Abinader n’y est pas allé par quatre chemins. Le président dominicain a consacré une large partie de son intervention à la crise haïtienne, réclamant haut et fort une transformation radicale de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS).
« Une tragédie humaine sans précédent »
Pour Abinader, les mots sont clairs : Haïti traverse « une tragédie humaine sans précédent » avec une « violence extrême » et un « effondrement institutionnel ». Le dirigeant dominicain n’hésite pas à qualifier les gangs haïtiens d’organisations terroristes, rappelant que c’est déjà la position officielle de Santo Domingo et de Washington.
« Il est impossible de négocier avec eux », martèle-t-il, faisant écho aux préoccupations de millions d’Haïtiens qui vivent sous la terreur des groupes armés. Ces derniers contrôlent désormais plus de 60% du territoire national, selon les dernières estimations.
Une mission qui ne fait pas le poids
Malgré les efforts du Kenya, de la Jamaïque, du Belize et d’autres pays partenaires, Abinader dresse un constat d’échec partiel : « La mission n’a pas encore atteint l’ampleur, le nombre de soldats et le financement nécessaires. »
C’est pourquoi il soutient fermement la proposition panama-américaine de transformer la MMAS en une véritable « force capable d’imposer l’ordre », sous commandement onusien. Une proposition qui prend tout son sens quand on sait que le mandat actuel expire le 2 octobre prochain.
Déportations : Abinader assume
Le président dominicain n’a pas esquivé le sujet sensible des déportations massives d’Haïtiens. « Aucun État ne peut être tenu responsable de la défense de ses frontières », argue-t-il, justifiant une politique qui touche des milliers de familles haïtiennes chaque mois.
Pour lui, la République dominicaine « ne peut ni ne doit supporter seule le fardeau d’une crise qui dépasse toute capacité nationale. » Une position qui divise, mais qui reflète les tensions croissantes à la frontière.
L’appel aux Caraïbes
Abinader lance également un appel direct aux pays latino-américains et caribéens : « Haïti est un pays de notre région qui exige une responsabilité partagée en tant que voisins. » Un message qui s’adresse particulièrement aux nations de la CARICOM, souvent critiquées pour leur soutien timide à la mission internationale.
L’intervention d’Abinader soulève une question cruciale pour tous les Haïtiens : après des mois d’attente, la communauté internationale trouvera-t-elle enfin la volonté politique de passer à l’action concrète ? Avec seulement quelques jours avant l’expiration du mandat actuel, l’horloge tourne. Et pendant ce temps, nos compatriotes continuent de payer le prix fort de cette inaction collective.