Le célèbre animateur de « Boukante Lapawòl » convoqué par la police pour ses liens présumés avec la coalition « Viv Ansanm ». Une nouvelle polémique qui divise le paysage médiatique haïtien et soulève des questions sur la liberté de presse dans un contexte sécuritaire tendu.
L’affaire fait grand bruit dans les médias haïtiens et sur les réseaux sociaux. Guerrier Henry, figure emblématique du journalisme haïtien et animateur de l’émission phare « Boukante Lapawòl » sur Radio Méga, a été convoqué par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) ce lundi 28 juillet 2025. Motif invoqué : une enquête sur ses relations présumées avec un chef de gang de la redoutable coalition criminelle « Viv Ansanm ».
Une convocation qui fait polémique
La correspondance officielle, signée par l’inspecteur général René François, directeur central par intérim de la Police Judiciaire, demande au journaliste de se présenter au bureau de Clercine 6, Route de l’Aéroport prolongée, à 10 heures précises. Le document, daté du 24 juillet 2025, circule déjà massivement sur les réseaux sociaux, bien avant d’avoir été officiellement remis à l’intéressé.
« Je ne comprends pas pourquoi cette correspondance traîne partout sur les réseaux sociaux avant même que je la reçoive », s’est interrogé Guerrier Henry lors de son émission du vendredi 25 juillet, exprimant son étonnement face à cette fuite médiatique.
Un parcours semé d’embûches avec les autorités
Cette convocation s’inscrit dans une série de démêlés entre le journaliste et les autorités haïtiennes. En novembre 2024 déjà, le CONATEL avait exigé « la suspension immédiate de l’émission Boukante Lapawòl pour propagande en faveur des groupes armés », accusant la station d’utiliser sa fréquence 103.7 MHz pour diffuser de la « propagande massive » en faveur des gangs qui terrorisent la capitale.
Après plusieurs mois de suspension, l’émission avait finalement pu reprendre l’antenne en juin 2025, suite à l’engagement des responsables de Radio Méga à respecter la réglementation médiatique haïtienne. Un répit de courte durée, semble-t-il.
Une guerre médiatique qui s’envenime
Cette nouvelle affaire survient dans un contexte de vive polémique entre Guerrier Henry et son confrère Rudy Sanon. Le 17 juillet dernier, Henry avait déposé une plainte pour diffamation publique et atteinte à l’honneur professionnel contre l’animateur, l’accusant de l’avoir attaqué lors d’une de ses émissions.
En riposte, Rudy Sanon a dénoncé son confrère auprès de la DCPJ, l’accusant de complicité avec la coalition criminelle « Viv Ansanm » et de « mettre une plateforme au profit de chefs de gangs ». Une escalade qui illustre les tensions croissantes au sein du paysage médiatique haïtien.
Entre liberté de presse et responsabilité journalistique
Cette affaire soulève des questions cruciales pour tous les Haïtiens, qu’ils vivent au pays ou dans la diaspora. Comment concilier liberté de presse et sécurité nationale dans un contexte où les gangs contrôlent une grande partie du territoire ? Où s’arrête le droit à l’information et où commence la complicité présumée ?
Pour beaucoup de compatriotes suivant l’actualité depuis New York, Miami, Montréal ou Paris, ces débats rappellent l’importance vitale d’une presse libre mais responsable dans la reconstruction démocratique d’Haïti.
L’issue de cette convocation et de l’enquête en cours pourrait établir un précédent important pour l’avenir du journalisme haïtien. Reste à savoir si cette affaire contribuera à clarifier les règles du jeu ou si elle ne fera qu’ajouter de la confusion dans un paysage médiatique déjà fragilisé par l’insécurité et les pressions politiques.