Une flambée meurtrière frappe la Martinique et la Guadeloupe avec 43 homicides en six mois, alimentée par l’explosion du trafic de drogue. Cette crise sécuritaire résonne douloureusement dans toute la région caribéenne, où Haïti connaît des défis similaires depuis des années.

Les îles de la Martinique et de la Guadeloupe vivent actuellement un cauchemar sécuritaire qui n’est pas sans rappeler la situation dramatique que connaît Haïti. En six mois seulement, 27 homicides ont été recensés en Guadeloupe tandis que la Martinique comptabilise 16 morts violentes, une escalade sans précédent qui alarme les autorités et les populations.

Cette montée de violence armée dans les Antilles françaises fait écho aux défis sécuritaires que connaissent de nombreux pays de la Caraïbe, notamment Haïti où la violence des gangs a causé plus de 5 600 morts en 2023 selon l’ONU.

Un phénomène régional alimenté par le trafic international

La violence qui frappe actuellement la Martinique et la Guadeloupe s’inscrit dans un contexte plus large d’intensification du trafic de stupéfiants dans la région caribéenne. Les autorités pointent du doigt une « utilisation décomplexée » des armes à feu et un accroissement des arrivages de produits illicites en provenance des États-Unis et d’Amérique du Sud.

Cette problématique n’est pas étrangère aux Haïtiens, qui voient leur pays utilisé depuis longtemps comme lieu de transit par de gros trafiquants de drogue pour envoyer leurs marchandises partout en Amérique du Nord. La similitude des défis est frappante : corruption, manque de moyens des forces de l’ordre, et gangs armés qui profitent de l’instabilité.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en Martinique, 17 des 24 homicides de 2024 avaient été commis par arme à feu, tandis qu’en Guadeloupe, 18 des 36 homicides de la même année impliquaient des armes à feu.

Une jeunesse prise en otage

Le drame le plus révoltant de cette vague de violence reste sans doute l’assassinat d’un adolescent de 13 ans, abattu devant une salle des fêtes au Lamentin en Guadeloupe début juin. Cette tragédie rappelle cruellement la situation des jeunes Haïtiens, souvent recrutés de force par les gangs ou victimes collatérales de la violence urbaine.

Pour les familles haïtiennes de la diaspora vivant aux Antilles françaises, cette escalade de violence ravive des souvenirs douloureux et des inquiétudes légitimes. Beaucoup avaient fui Haïti précisément pour échapper à cette insécurité qui gangrène désormais leurs terres d’accueil.

Des autorités dépassées face à l’ampleur du phénomène

Face à cette crise, les préfets de Martinique et de Guadeloupe reconnaissent être confrontés à « une augmentation des faits de violence de haut du spectre », incluant vols à main armée, tentatives d’homicide et assassinats. Le syndicat de police Un1té 971 réclame des effectifs supplémentaires pour faire face à cette situation.

Cette demande de renforts fait écho aux appels répétés des autorités haïtiennes et de la communauté internationale pour une intervention étrangère capable de rétablir l’ordre dans le pays. La différence fondamentale reste que les Antilles françaises peuvent compter sur le soutien de l’État français, contrairement à Haïti qui peine à obtenir une aide internationale efficace.

Un miroir inquiétant pour toute la Caraïbe

Cette flambée de violence aux Antilles françaises illustre la fragilité de la sécurité dans l’ensemble de la région caribéenne. Elle démontre que même les territoires disposant d’institutions plus stables ne sont pas à l’abri de la contagion criminelle qui sévit dans la zone.

Pour les Haïtiens, qu’ils vivent au pays ou à l’étranger, cette situation soulève une question douloureuse : comment briser le cercle vicieux de la violence qui semble contaminer progressivement toute la région ? La réponse nécessitera sans doute une approche régionale coordonnée, impliquant tous les pays de la Caraïbe dans une lutte commune contre les réseaux criminels transnationaux.

En attendant, les populations des Antilles, comme celle d’Haïti, continuent de payer le prix fort d’une insécurité qui hypothèque l’avenir de toute une génération caribéenne.

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