Port-au-Prince, 16 novembre 2025 — Les tirs essuyés jeudi soir contre l’ambassade des États-Unis à Tabarre, suivis de la riposte immédiate des U.S. Marines en poste, ont provoqué une onde de choc à Washington et dans la presse américaine. Pour de nombreux analystes, cet incident marque une nouvelle escalade, révélatrice de l’effondrement rapide du dispositif sécuritaire autour des installations diplomatiques en Haïti.
Une attaque prise au sérieux par les États-Unis
Selon Associated Press et le Washington Post, citant Steven Keenan, porte-parole du corps des U.S. Marines, les militaires américains ont ouvert le feu uniquement en réponse à des tirs dirigés contre le périmètre de l’ambassade. Aucun blessé n’a été enregistré parmi les soldats. Cependant, l’incident est déjà considéré comme suffisamment grave pour entraîner, selon plusieurs sources, un suivi diplomatique rapproché à Washington.
Le Washington Post décrit l’épisode comme « l’un des plus sérieux de l’année » concernant des forces américaines en Haïti. Un fait accentué par l’absence de réaction immédiate du Département d’État, malgré les sollicitations des médias américains — un silence qui souligne, une fois de plus, le flou persistant autour de la politique américaine vis-à-vis de la crise haïtienne.
Associated Press, de son côté, rappelle que près de 90 % de Port-au-Prince demeure sous contrôle de gangs armés, un contexte qui rend toute activité diplomatique particulièrement vulnérable.
Bien que Reuters n’ait pas commenté directement l’échange de tirs, l’agence soulignait récemment que plusieurs alliances criminelles haïtiennes ont été classées par les États-Unis comme « organisations terroristes transnationales », illustrant le durcissement de la position de la Maison-Blanche envers les groupes armés.
Une zone diplomatique de plus en plus exposée
Au moment de l’attaque, les forces de l’ordre haïtiennes menaient une opération contre le gang 400 Mawozo dans le périmètre élargi de Tabarre. Selon LSV Media, les unités spécialisées tentaient de contenir une offensive en vue de consolider l’emprise du groupe dans une zone stratégique abritant plusieurs installations sensibles.
La concomitance entre l’opération policière, l’offensive criminelle et les tirs en direction de l’ambassade soulève des interrogations : coordination délibérée ou exploitation opportuniste d’un moment de tension extrême ?
Washington prévient : toute attaque sera suivie d’une riposte
Le porte-parole des U.S. Marines, Steven Keenan, a livré un message clair :
« Les U.S. Marines interviendront avec professionnalisme, rapidité et discipline face à toute menace dirigée contre nos installations diplomatiques. »
Une déclaration sans équivoque, interprétée comme un avertissement : toute nouvelle attaque fera l’objet d’une réponse immédiate.
Un signal du basculement sécuritaire de la capitale
L’incident s’ajoute à une série d’événements illustrant la perte de contrôle progressif de l’État haïtien sur des territoires cruciaux de la capitale. La zone de Tabarre, longtemps considérée comme relativement sûre, semble désormais plongée dans une instabilité aussi aiguë que les autres secteurs vulnérables de Port-au-Prince.
Au-delà de l’enjeu militaire, l’attaque pose une question fondamentale : l’État haïtien et ses partenaires internationaux ont-ils encore la capacité de sécuriser les infrastructures vitales du pays ?
Si l’ambassade des États-Unis peut être prise pour cible, quel espace peut encore être considéré comme réellement sécurisé dans la capitale ?

