Ils seront 28 arbitres centraux à officier lors de la Coupe d’Afrique des Nations 2025, qui s’ouvre le 21 décembre au Maroc. Parmi eux, une seule femme. Son nom : Shamirah Nabadda, arbitre ougandaise de 30 ans, désormais figure incontournable d’un milieu encore largement dominé par les hommes.
Récemment sacrée arbitre féminine de l’année lors des CAF Awards, Nabadda incarne une trajectoire singulière faite de persévérance, de ruptures et de défis constants. « Elle a prouvé que l’ambition peut ouvrir de nouvelles voies, même lorsque la vie prend des tournants inattendus », résume la Confédération africaine de football (CAF).
Née en 1995 à Mbarara, deuxième ville d’Ouganda, Shamirah Nabadda découvre d’abord le football comme joueuse. Elle évolue avec Western United, club de première division féminine, avant qu’un stage organisé par la fédération nationale ne change le cours de sa carrière. Le passage de l’autre côté du jeu s’impose presque par hasard — mais avec lucidité.
« J’étais joueuse, j’aimais ça. Puis j’ai arbitré un match et j’ai été payée. Je me suis dit : ok, c’est ça que je veux faire », raconte-t-elle.
Sa première désignation internationale intervient en 2018, lors d’un match de qualification pour le Championnat d’Afrique féminin. Depuis, son parcours s’accélère : CAN féminine 2022, Jeux africains 2023, Coupe du monde féminine U17 en 2024, avant une consécration avec les Jeux olympiques de Paris 2024.
En août 2025, elle franchit un nouveau cap en arbitrant des rencontres masculines lors du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN), dont la petite finale entre le Soudan et le Sénégal. Une expérience exigeante, tant physiquement que mentalement.
« Il faut être au même niveau que les hommes. Se développer sans cesse, apprendre, désapprendre, repousser ses limites », confie-t-elle.
Mais ce parcours est loin d’avoir été linéaire. Dans un environnement marqué par des résistances culturelles et des préjugés persistants, Nabadda a souvent dû imposer sa légitimité.
« Dans beaucoup de pays africains, on n’imagine pas une femme arbitrer au plus haut niveau. Il faut énormément de détermination, de travail et de passion », résume-t-elle.
Un soutien familial constant l’a aidée à tenir. Ses parents, raconte-t-elle, tentent encore d’assister à chacun de ses matchs, conscients du chemin parcouru.
En participant à la CAN 2025, Shamirah Nabadda s’inscrit dans la continuité de la Rwandaise Salima Rhadia Mukansanga, première femme à arbitrer un match de la CAN en 2022. Mais elle trace aussi sa propre voie, avec l’espoir d’inspirer d’autres jeunes filles.
« Le genre ne doit jamais déterminer votre succès. Regardez-vous et voyez une fille capable de voler dans le ciel », dit-elle.
À la CAN 2025, Shamirah Nabadda ne portera pas seulement un sifflet. Elle portera aussi un symbole.

