Le 18 mai 2025, Cap-Haïtien a vibré au rythme des célébrations du 222e anniversaire du drapeau haïtien, marquées par des cérémonies solennelles, mais aussi par des protestations et des défis criants. Entre blackout, insalubrité et grogne populaire, la ville a reflété les luttes d’Haïti tout en portant haut les couleurs de l’espoir. Un récit qui résonne autant à Port-au-Prince qu’à Miami ou Montréal.
Une fête sous tension au cœur du Nord
Le 18 mai 2025, Cap-Haïtien, ville historique et berceau de l’indépendance haïtienne, a accueilli les cérémonies officielles pour célébrer le 222e anniversaire de la création du drapeau bicolore. Mais derrière les discours patriotiques et les uniformes impeccables des écoliers, la réalité du terrain a peint un tableau contrasté. Blackout général, insalubrité alarmante et colère populaire ont marqué cette journée, rappelant les défis qui pèsent sur Haïti, de Jacmel à Brooklyn.
La ville, souvent perçue comme un refuge face à l’insécurité de Port-au-Prince, a montré ses blessures. Les routes d’accès, jonchées d’ordures et de carcasses de véhicules, ont accueilli les visiteurs dans une odeur nauséabonde. Pourtant, l’esprit de résistance haïtien, si cher à la diaspora, s’est manifesté à travers la ferveur des jeunes et la solennité des rituels.
Une messe solennelle, un cri d’alarme
La journée a débuté par le traditionnel Te Deum à la cathédrale Notre-Dame du Cap-Haïtien, en présence des figures clés du pouvoir. Le Conseil présidentiel de transition (CPT), dirigé par Fritz Alphonse Jean, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et la mairesse Yvrose Pierre étaient aux premières loges. Mais l’homélie de Monseigneur Launay Saturné a donné le ton : un appel vibrant à l’action face à l’insécurité galopante. « Le peuple vit dans la peur. Des bandits sèment la terreur, et l’avenir des jeunes est en péril », a-t-il martelé, un message qui trouve écho chez les Haïtiens de Little Haiti à Miami ou de Saint-Michel à Montréal, où l’inquiétude pour la terre natale reste vive.
La cérémonie a toutefois été perturbée par des militants et enseignants, pancartes en main, réclamant justice et moyens. Une altercation entre un professeur et un policier à l’entrée de la cathédrale a jeté une ombre sur l’événement, rappelant les tensions sociales qui secouent le pays.
Protestations et promesses à la mairie
Après la messe, les officiels se sont réunis à la mairie pour un dîner d’État, mais l’ambiance était loin d’être festive. Des cris de « Aba le CPT ! » ont fusé, interrompant le discours de la mairesse Yvrose Pierre. Avec courage, elle a dénoncé l’abandon de sa commune par le pouvoir central : « Cap-Haïtien assume des responsabilités colossales avec des moyens dérisoires. » Un sentiment partagé par bien des Haïtiens, qu’ils vivent à Port-de-Paix ou à Boston, où les récits d’une Haïti négligée alimentent les discussions communautaires.
Le président du CPT, Fritz Alphonse Jean, a tenté de calmer la foule, accusant des forces internes et externes d’alimenter l’insécurité pour faire d’Haïti un « corridor de drogue ». Promettant des « ressources importantes » pour rétablir la sécurité, il a évoqué les souffrances des habitants de Pacot, Carrefour-Feuilles ou Croix-des-Bouquets. Mais ses paroles, bien que fermes, ont peiné à apaiser une foule exaspérée.
Une ville asphyxiée par l’insalubrité
Au-delà des tensions, l’état de Cap-Haïtien a choqué. Les quartiers comme Cité Lescot ou Haut-du-Cap croulent sous les déchets, les canaux bouchés et les eaux stagnantes. Des enfants jouent parmi les ordures, des marchands luttent pour survivre dans un cadre insalubre. Ce décor, loin de l’image touristique du Cap, contraste avec la fierté du drapeau célébré ce jour-là. Pour la diaspora, ce tableau rappelle l’urgence d’un soutien concret, qu’il s’agisse de projets communautaires ou d’investissements pour revitaliser les villes haïtiennes.
La jeunesse, porteuse d’espoir
Malgré ces défis, la journée s’est achevée sur une note d’espoir avec les défilés des écoliers. Vêtus de leurs uniformes, ils ont marché au son des fanfares, sous les applaudissements des passants. Ces jeunes, symboles de résilience, incarnent l’avenir d’Haïti. Leur enthousiasme a rappelé à tous, d’Aquin à New York, que la flamme patriotique reste vive, même dans l’adversité.
Et demain ?
La fête du drapeau à Cap-Haïtien a été à l’image d’Haïti : un mélange de fierté, de colère et d’espoir. Alors que le pays navigue en eaux troubles, cette journée interroge : comment transformer les promesses en actions ? À vous, haïtiens d’ici et d’ailleurs, de continuer à porter ce drapeau, non seulement dans les cœurs, mais aussi dans les combats pour une Haïti plus juste. Que ferez-vous pour y contribuer ?