Après plus d’un an d’absence, Charlin Bato fait son grand retour avec « Toro Rodeo », son premier album personnel. Onze titres qui explorent l’amour dans toutes ses nuances, du bonheur le plus pur à la souffrance la plus profonde. Un projet attendu par les « Kaptèn » et qui confirme la maturité artistique de l’ancien membre de Rylax.
« Depi nou konprann lanmou, nou konprann doulè tou » – depuis qu’on comprend l’amour, on comprend aussi la douleur. Cette vérité universelle, Charlin Bato l’a transformée en musique avec « Toro Rodeo », un album qui arrive à point nommé dans le paysage musical haïtien.
Un retour longtemps attendu
Les « Kaptèn » – nom donné aux fans de Charlin Bato – ont eu de la patience. Annoncé depuis 2022, « Toro Rodeo » a finalement vu le jour le 19 mai dernier. « En 2022, j’avais déjà annoncé la sortie de ce projet, cependant, j’ai dû faire face à des situations complexes », confie l’artiste. Une honnêteté qui lui ressemble bien.
Mais comme on dit chez nous : « Sa ki bon pou nou pran tan yo ». Ce qui est bon pour nous prend du temps. Et visiblement, cette attente en valait la peine. L’album témoigne d’une maturité artistique nouvelle chez l’interprète de « Ti manman », qui a su transformer ses épreuves en art.
L’amour dans tous ses états
« Toro Rodeo représente l’opposition entre ma personne et l’amour », explique Charlin Bato. Un concept fort qui traverse les onze morceaux de l’album. L’artiste y explore l’amour euphorique avec des titres comme « Anna » (en collaboration avec Kenny Haïti), « Dènye chwa » ou encore « Bouzen ». Mais il n’édulcore rien : l’amour toxique et douloureux trouve aussi sa place avec le titre éponyme « Toro Rodeo » et « A chak fwa ».
Cette dualité, tous les Haïtiens la connaissent. Que ce soit dans notre rapport à la patrie – qu’on aime passionnément malgré ses défauts – ou dans nos relations personnelles, nous savons que l’amour peut être à la fois notre plus grande force et notre plus grande faiblesse.
Une production internationale
Pour ce projet, Charlin Bato a vu grand. Entouré de producteurs et musiciens européens, il a voulu « se démarquer grâce à son talent, son art et son savoir-faire, avec une musique potable, limpide et de bonne qualité ». Cette ambition internationale se ressent dans la production soignée de l’album.
Le morceau « Maji », en collaboration avec les rappeurs Trouble Boy et Freedom, montre cette volonté de mélanger les genres et de toucher différents publics. Une approche qui pourrait bien séduire au-delà des frontières haïtiennes.
La spiritualité comme refuge
L’album se clôt sur « Ouvè je m », un morceau particulier qui prend la forme d’une lettre à Dieu. Charlin Bato y demande la lucidité face aux épreuves de ce monde. Une démarche spirituelle qui résonne avec beaucoup d’Haïtiens, pour qui la foi reste un pilier essentiel dans les moments difficiles.
« Bondye, ouvè je m pou m ka wè » – cette prière mise en musique touche à l’universel tout en restant profondément haïtienne. Elle témoigne aussi d’une certaine maturité de l’artiste, qui n’hésite pas à montrer sa vulnérabilité.
Malgré les épreuves, l’espoir
Charlin Bato traverse actuellement des problèmes de santé, mais cela ne l’empêche pas de se projeter vers l’avenir. Il promet déjà une série de concerts en Belgique, à Londres, au Canada, aux États-Unis, et surtout en Haïti. Un tour mondial qui montre ses ambitions pour ce projet.
Pour la diaspora haïtienne, ces concerts représentent l’opportunité de se reconnecter avec la musique du pays. Pour ceux restés en Haïti, c’est la promesse de moments de bonheur malgré les difficultés quotidiennes.
Un album pour tous les cœurs
« Toro Rodeo » arrive à un moment où les Haïtiens ont besoin de se reconnaître dans l’art. Entre les morceaux dansants et les ballades introspectives, l’album offre une palette d’émotions qui parle à tous. Que vous soyez « Kaptèn » ou simple amateur de bonne musique, ce projet mérite l’écoute.
Avec « Toro Rodeo », Charlin Bato prouve qu’il a grandi, en tant qu’homme et en tant qu’artiste. Son absence lui a permis de mûrir son art et de revenir avec quelque chose de personnel et d’authentique. Dans un paysage musical haïtien parfois formaté, cette sincérité fait du bien. Comme il le dit si bien : « E kounye a m ka di nou mize nan wout, nou pote bon nouvèl » – et maintenant je peux vous dire que nous sommes sur la bonne voie, nous apportons de bonnes nouvelles. Espérons que cette bonne nouvelle en appellera d’autres.