La prestigieuse université américaine accepte de verser une somme colossale à l’administration Trump pour mettre fin aux enquêtes liées aux manifestations pro-palestiniennes. Un précédent qui inquiète le monde académique.
Quand Donald Trump met la pression, même les plus grandes universités américaines finissent par céder. Columbia, l’une des institutions les plus prestigieuses des États-Unis, vient d’annoncer un accord à 221 millions de dollars avec l’administration Trump pour « mettre fin aux enquêtes » menées contre elle. Un compromis qui fait grincer des dents dans le milieu académique.
Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président américain a déclaré la guerre aux universités qu’il accuse de « wokisme » et d’avoir toléré les manifestations étudiantes pour la fin du conflit à Gaza. Pour Columbia, la facture est salée : 200 millions de dollars à verser sur trois ans, plus 21 millions supplémentaires à un organisme dédié à l’égalité des chances.
Le chantage aux subventions fédérales
La stratégie de Trump est simple mais efficace : couper les vivres. En mars 2025, l’administration avait gelé des centaines de millions de dollars de subventions fédérales destinées à la recherche. Pour une université comme Columbia, c’est la survie même de nombreux programmes qui était en jeu.
« En vertu de l’accord conclu aujourd’hui, la grande majorité des subventions fédérales qui ont été supprimées ou suspendues en mars 2025 seront rétablies », précise l’établissement dans son communiqué. Un soulagement pour les chercheurs et étudiants, mais au prix de concessions qui questionnent l’indépendance académique.
L’université tente de sauver la face en affirmant que « l’accord préserve l’autonomie et l’autorité de Columbia en ce qui concerne le recrutement des enseignants, les admissions et les décisions académiques ». Mais cette assurance sonne creux quand on connaît la nature des pressions exercées.
Linda McMahon pavoise
La ministre de l’Éducation Linda McMahon n’a pas caché sa satisfaction. Elle salue un « tournant cataclysmique dans la lutte de notre pays pour que les institutions qui acceptent l’argent des contribuables américains rendent des comptes sur l’antisémitisme ». Des mots qui résonnent comme une victoire idéologique plus qu’académique.
Selon McMahon, la « fermeté du président Trump » va apporter des « changements structurels » au sein de Columbia, notamment dans ses programmes sur le Moyen-Orient. Elle promet aussi d' »éliminer les préférences raciales » et de « mettre fin » à la promotion de la diversité, cheval de bataille des conservateurs américains.
Gaza au cœur du conflit
Cette offensive contre les universités s’inscrit dans le soutien inconditionnel de Trump à Israël. Le président accuse les établissements d’avoir laissé prospérer sur leurs campus les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza, territoire palestinien aujourd’hui au bord d’une famine à grande échelle.
Columbia, comme Harvard, nie avoir toléré l’antisémitisme sur ses campus. Ces universités affirment avoir mis en place de nouvelles mesures pour s’assurer que les étudiants et le personnel juifs ou israéliens ne se sentent ni exclus, ni intimidés. Mais cela n’a visiblement pas suffi aux yeux de l’administration Trump.
La situation est d’autant plus tendue que la présidente de Columbia, qui avait sanctionné des participants aux manifestations pour Gaza, avait été huée fin mai lors d’une cérémonie de remise de diplômes par des étudiants lui reprochant d’avoir cédé aux pressions gouvernementales.
Harvard résiste encore
À l’opposé de Columbia, Harvard a choisi la voie de la résistance. L’université conteste en justice le retrait de 2,6 milliards de dollars de subventions fédérales et la révocation de sa certification SEVIS, système crucial pour l’accueil des étudiants étrangers.
Le 21 juillet, un tribunal a d’ailleurs demandé à l’administration Trump de justifier le gel de ces subventions. Un signe que la bataille juridique ne fait que commencer et que toutes les universités ne comptent pas suivre l’exemple de Columbia.
L’accord de Columbia avec Trump marque un tournant dans les relations entre le pouvoir politique et l’enseignement supérieur américain. En cédant aux pressions financières, l’université ouvre-t-elle la voie à d’autres capitulations ? Cette affaire révèle en tout cas la vulnérabilité des institutions académiques face au chantage budgétaire. Pour les étudiants haïtiens qui rêvent d’étudier aux États-Unis, ce climat de tension politique dans les universités américaines ajoute une incertitude supplémentaire à leurs projets d’avenir.