La Havane, 20 novembre 2025 – Pilar Alcantara, 81 ans, alitée sur le canapé de son salon dans le quartier de Jesus Maria, résume à elle seule le drame que traverse Cuba : « J’ai mal partout et je ne peux pas marcher ». Comme elle, des milliers de Cubains souffrent des séquelles du chikungunya, une maladie virale transmise par les moustiques qui s’est propagée à l’ensemble des 15 provinces du pays.
Selon le ministère cubain de la Santé, plus de 47 000 nouveaux cas ont été enregistrés cette semaine, soit le double du bilan de la semaine précédente. Le responsable de l’épidémiologie, Francisco Duran, a reconnu que ces chiffres sous-estiment la réalité, car ils ne prennent en compte que les patients ayant consulté un médecin. La semaine dernière, il estimait que près de 30% de la population cubaine avait déjà contracté le chikungunya ou la dengue.

L’épidémie frappe une île déjà affaiblie par une crise économique sévère. Les coupures de courant récurrentes, le manque chronique de nourriture et de médicaments, ainsi que les problèmes d’hygiène publique – avec des déchets accumulés et de l’eau stagnante – aggravent la situation. Dans l’ouest du pays, récemment touché par l’ouragan Melissa, plus de 640 centres de santé sont endommagés.
Si aucun décès n’a été officiellement rapporté, vingt patients se trouvaient dans un état critique jeudi, et de nombreux malades, comme Pedro Gonzalez, 59 ans, chauffeur, souffrent de séquelles persistantes qui les empêchent de travailler. Cette épidémie rappelle celle qui avait touché Haïti quelques années plus tôt, soulignant la vulnérabilité de la région caraïbe face aux maladies vectorielles.
