Une opération policière menée mercredi à Pernier a révélé une scène d’horreur : deux cadavres et des organes humains conservés dans des récipients ont été découverts dans une maison. Cette affaire sordide relance les inquiétudes sur l’émergence du trafic d’organes en Haïti, un fléau dénoncé jusqu’à Washington.
L’enquête qui s’ouvre à Pernier pourrait marquer un tournant dans la compréhension des nouveaux visages de la criminalité en Haïti. Mercredi 21 mai, la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) a procédé à l’arrestation d’un suspect dans une maison où une découverte macabre attendait les enquêteurs : les corps d’un homme et d’une femme, ainsi que des organes humains soigneusement conservés dans des récipients.
Une scène d’horreur qui bouleverse
Les images qui ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux montrent l’ampleur de l’horreur découverte par les forces de l’ordre. Les deux cadavres, « pratiquement desséchés » selon les sources policières, étaient entreposés dans des sacs mortuaires. Plus troublant encore, des organes sectionnés et desséchés étaient méthodiquement conservés dans différents récipients, suggérant une organisation criminelle structurée.
« Les indices tendent vers un trafic d’organes. Mais l’enquête se poursuit », a confié une source policière, restant prudente sur les conclusions à tirer de cette découverte. Cette retenue s’explique par la complexité d’une enquête qui pourrait révéler les ramifications d’un réseau criminel d’un genre nouveau en Haïti.
Pernier, nouveau théâtre de l’insécurité
Le choix de Pernier comme lieu d’opération de ce présumé trafic n’est pas anodin. Cette commune de la périphérie de Port-au-Prince, située entre Pétion-Ville et Croix-des-Bouquets, est devenue ces dernières années un point névralgique de l’insécurité. Sa position géographique en fait un carrefour stratégique pour les activités criminelles, loin du centre-ville mais suffisamment accessible pour les réseaux organisés.
La présence sur les lieux de Kesner Normil, maire de Pétion-Ville, témoigne de l’importance accordée à cette affaire par les autorités locales. « J’étais sur place dans le cadre de cette opération en ma qualité de maire de Pétion-Ville », a-t-il déclaré, avant de renvoyer vers la Police nationale d’Haïti (PNH) pour les détails de l’enquête.
Un fléau dénoncé jusqu’à Washington
Cette découverte macabre intervient dans un contexte où les autorités haïtiennes tirent depuis plusieurs mois la sonnette d’alarme sur l’émergence du trafic d’organes comme nouvelle source de financement de la violence armée. Ces préoccupations ont même franchi les frontières, puisque le secrétaire d’État américain Marco Rubio a évoqué cette problématique mardi lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères du Sénat américain.
Cette reconnaissance au plus haut niveau de l’administration américaine confirme que le trafic d’organes en Haïti n’est plus un simple soupçon, mais une réalité criminelle qui interpelle la communauté internationale. Pour les familles haïtiennes, tant en Haïti que dans la diaspora, cette évolution représente une nouvelle source d’angoisse dans un pays déjà meurtri par l’insécurité.
Une criminalité qui évolue et s’adapte
L’émergence présumée du trafic d’organes en Haïti illustre la capacité d’adaptation des réseaux criminels face à la dégradation de la situation sécuritaire. Alors que les enlèvements contre rançon et le trafic de drogue constituaient les principales sources de revenus des gangs, cette nouvelle forme de criminalité pourrait générer des profits considérables sur un marché international où la demande d’organes dépasse largement l’offre légale.
Pour les Haïtiens les plus vulnérables, déjà exposés aux violences des gangs, cette évolution représente une menace supplémentaire. Les populations déplacées, les enfants des rues et les personnes isolées pourraient devenir les cibles privilégiées de ces nouveaux prédateurs.
L’urgence d’une réponse coordonnée
Cette affaire de Pernier révèle l’urgence pour les autorités haïtiennes de développer de nouvelles capacités d’enquête face à des crimes d’une complexité inédite. Le trafic d’organes nécessite des compétences médico-légales spécialisées et une coopération internationale pour démanteler des réseaux qui dépassent souvent les frontières nationales.
L’arrestation effectuée à Pernier marque peut-être le début d’une prise de conscience face à l’évolution de la criminalité en Haïti. Mais au-delà de cette affaire particulière, c’est la protection des plus vulnérables qui est en jeu. Car si les gangs se diversifient dans l’horreur, c’est bien le peuple haïtien qui en paie le prix fort. Cette découverte macabre nous rappelle que l’urgence sécuritaire en Haïti a pris des dimensions que personne n’aurait pu imaginer il y a encore quelques années.