Le ministre des Affaires étrangères Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste s’est entretenu ce mercredi avec le nouveau chargé d’affaires américain Henry Wooster. Au menu : insécurité, situation de la diaspora haïtienne aux États-Unis et impacts des récentes décisions de Washington sur Haïti.
Dans le feutré des bureaux du ministère des Affaires étrangères, une rencontre diplomatique cruciale s’est tenue ce mercredi 18 juin. D’un côté, le ministre Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, représentant d’un pays en proie à une crise sécuritaire sans précédent. De l’autre, l’ambassadeur Henry Wooster, nouveau visage de la diplomatie américaine en Haïti, arrivé dans un contexte particulièrement tendu.
L’insécurité, priorité absolue
Premier point à l’ordre du jour : la situation sécuritaire catastrophique qui paralyse le pays. Les deux diplomates ont « longuement discuté de l’importance d’apporter une solution rapide au problème de l’insécurité », selon le communiqué officiel. Une formulation diplomatique qui cache une réalité brutale : Haïti s’enfonce chaque jour davantage dans le chaos, avec des gangs qui contrôlent désormais plus de 60% du territoire national.
Pour Jean-Baptiste, cette rencontre représente une opportunité de rappeler à Washington l’urgence de la situation. Les États-Unis, principal bailleur de fonds de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), sont attendus au tournant sur leur capacité à transformer leurs promesses d’aide en actions concrètes sur le terrain.
La diaspora haïtienne sous pression
Autre sujet sensible abordé : la situation des compatriotes haïtiens vivant aux États-Unis. Cette question touche au cœur même de la relation entre les deux pays, avec près d’un million d’Haïtiens et d’Américains d’origine haïtienne résidant sur le sol américain.
Les « défis liés à la situation actuelle » de cette diaspora font sans doute référence aux incertitudes qui planent sur le statut de protection temporaire (TPS) dont bénéficient de nombreux Haïtiens, ainsi qu’aux difficultés croissantes d’immigration face à la crise migratoire qui secoue la région.
Des décisions américaines qui font débat
Le communiqué évoque également les « conséquences des dernières décisions américaines concernant Haïti ». Une allusion qui pourrait concerner plusieurs dossiers chauds : les sanctions économiques contre certaines personnalités haïtiennes, les politiques migratoires durcies, ou encore les modalités d’intervention de la force multinationale.
Ces « conséquences » semblent préoccuper suffisamment le gouvernement haïtien pour qu’elles figurent en bonne place dans ce premier entretien avec le nouveau représentant américain.
Une relation à reconstruire
L’arrivée d’Henry Wooster comme chargé d’affaires intervient à un moment crucial. Les relations haïtiano-américaines ont connu des hauts et des bas ces derniers mois, entre promesses d’aide internationale et frustrations liées à la lenteur des déploiements sur le terrain.
La décision des deux diplomates de « se rencontrer à nouveau pour une séance de travail » suggère que cette première prise de contact n’était qu’un préambule. Les vrais dossiers seront sans doute abordés lors de cette prochaine rencontre, où les positions respectives devraient se préciser.
Cette rencontre diplomatique, bien que protocolaire en apparence, révèle les enjeux majeurs qui structurent la relation entre Haïti et son puissant voisin. Entre urgence sécuritaire, préoccupations diasporiques et questions migratoires, les deux pays ont plus que jamais besoin de dialogue pour naviguer dans la crise actuelle. Reste à voir si les mots diplomatiques se traduiront enfin par des actes concrets sur le terrain.