La coopération policière haïtiano-dominicaine porte ses fruits avec l’arrestation de trois terroristes qui tentaient d’acquérir des drones d’attaque. Une révélation qui démontre l’escalade technologique inquiétante des gangs haïtiens.
Une menace technologique déjouée
L’information a fait froid dans le dos lors de la commémoration des 30 ans de la Police nationale d’Haïti (PNH), ce jeudi 12 juin. Le directeur général Rameau Normil a révélé qu’une opération conjointe avec la police dominicaine a permis d’intercepter trois membres de la coalition terroriste « Viv Ansanm » alors qu’ils tentaient d’acheter des drones kamikazes chez un commerçant dominicain.
Cette arrestation marque un tournant inquiétant dans l’arsenal des gangs haïtiens, qui cherchent désormais à se doter d’armes de guerre sophistiquées. Les drones kamikazes, utilisés dans les conflits modernes du Moyen-Orient à l’Ukraine, auraient pu transformer radicalement le paysage sécuritaire déjà catastrophique en Haïti.
La coopération transfrontalière, une arme efficace
« Nous saluons la coopération établie entre la police haïtienne et la police dominicaine », a déclaré Rameau Normil, soulignant le rôle crucial du renseignement partagé dans cette opération. Cette collaboration illustre l’importance des partenariats régionaux face à une criminalité qui ne connaît pas de frontières.
Pour les Haïtiens qui vivent en République dominicaine – plusieurs centaines de milliers selon les estimations – cette coopération représente un espoir. Elle montre que les deux pays peuvent travailler ensemble malgré les tensions historiques, quand il s’agit de lutter contre le terrorisme.
« Terroristes en sandales ou en cravate »
Le patron de la PNH n’a pas mâché ses mots. « La police est déterminée à aller les chercher jusqu’au bout et à neutraliser tous les terroristes, peu importe où ils se trouvent, qu’il s’agisse de terroristes en sandales ou en cravate », a-t-il martelé. Cette formule frappe par sa clarté : elle vise autant les bandits des bidonvilles que leurs complices en costume dans les hautes sphères.
Cette déclaration résonne particulièrement dans un pays où beaucoup soupçonnent certains responsables politiques et économiques de nourrir la bête qu’ils prétendent combattre. L’allusion aux financiers et soutiens des gangs rappelle que la lutte ne peut se limiter aux quartiers populaires.
L’appel au « mariage police-population »
Face à l’escalade, Rameau Normil mise sur l’union sacrée. « Le mariage police-population est notre seule chance de vaincre les bandits », a-t-il plaidé, appelant les citoyens à collaborer avec les forces de l’ordre. Un pari audacieux dans un pays où la méfiance envers la police reste forte, notamment dans certains quartiers.
Pourtant, l’urgence est réelle. Avec plus d’un million de déplacés internes et des femmes qui « cessent de subir violences et viols » selon ses mots, le directeur de la PNH dresse le tableau d’un pays à l’agonie qui ne peut plus attendre.
Une course contre la montre
L’arrestation de ces trois membres de « Viv Ansanm » révèle une réalité troublante : les gangs ne dorment pas et innovent constamment. Si aujourd’hui ce sont des drones, que sera-ce demain ? Cette escalade technologique pose des questions cruciales sur la capacité de l’État haïtien et de ses partenaires internationaux à anticiper et contrer ces menaces.
Cette opération réussie en République dominicaine montre qu’il est possible de prendre les gangs de vitesse. Mais elle soulève aussi une question essentielle : dans cette course à l’armement entre l’État et les criminels, qui aura le dernier mot ? L’avenir d’Haïti pourrait bien se jouer dans cette bataille technologique et informationnelle autant que sur le terrain.