Cinq ans après le lancement du Plan décennal d’éducation, le MENFP dresse ses comptes. Entre espoirs et réalités, qu’est-ce qui a vraiment changé dans les écoles haïtiennes depuis 2020 ?

L’heure du bilan a sonné pour l’éducation haïtienne. Après cinq années d’application du Plan Décennal d’Éducation et de Formation (PDEF), le Ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) finalise son rapport à mi-parcours. Ces 22 et 25 juillet, à Pétion-Ville, responsables et experts se sont retroussé les manches pour faire le point sur un secteur vital pour l’avenir du pays.

Un exercice de vérité nécessaire

En partenariat avec l’UNESCO et le Partenariat mondial pour l’éducation, cette démarche ne relève pas du simple exercice bureaucratique. Il s’agit de mesurer concrètement ce qui a bougé – ou pas – dans les salles de classe haïtiennes depuis 2020. Une question qui préoccupe autant les parents de Cité Soleil que ceux de la diaspora qui suivent de près l’évolution du système éducatif de leur pays natal.

Les neuf groupes thématiques mobilisés ont passé au crible tous les aspects cruciaux : accès à l’éducation, qualité de l’enseignement, formation professionnelle, alphabétisation, égalité de genre. Des sujets qui touchent directement les familles haïtiennes, qu’elles soient à Port-au-Prince, dans les montagnes du Sud ou installées à Boston ou Miami.

Des consultations qui ont donné la parole à tous

L’originalité de cette démarche réside dans son caractère participatif. Entre février et juin 2025, des consultations ont été organisées dans les dix départements du pays. De l’Artibonite au Sud-Est, en passant par le Nord-Ouest, les acteurs locaux ont pu exprimer leurs préoccupations et propositions. Une approche qui tranche avec les décisions souvent prises depuis la capitale sans consulter les régions.

Jean Luc Tondreau, officier national Éducation de l’UNESCO en Haïti, s’est d’ailleurs félicité de cette mobilisation. Car au-delà des chiffres et des statistiques, ce sont les témoignages du terrain qui donnent sens à cette évaluation.

Les trois piliers sous la loupe

Le PDEF s’articule autour de trois axes fondamentaux : la gouvernance du système, la qualité et pertinence de l’enseignement, ainsi que l’accès et l’équité. Trois domaines où les attentes étaient immenses en 2020, et où les défis restent colossaux aujourd’hui.

Comment s’en sortent les écoles publiques face à la concurrence du privé ? Les enfants des zones rurales ont-ils vraiment un meilleur accès à l’éducation ? La formation des enseignants s’est-elle améliorée ? Autant de questions auxquelles le rapport devra apporter des réponses franches, sans langue de bois.

Un rendez-vous décisif en août

La Revue sectorielle conjointe prévue à la mi-août ne sera pas qu’une simple présentation de résultats. Elle doit orienter les cinq prochaines années jusqu’en 2030, dans un contexte national particulièrement difficile. Entre crise sécuritaire, défis économiques et instabilité politique, le secteur éducatif navigue en eaux troubles.

Pour les familles haïtiennes, cette évaluation représente plus qu’un bilan technique : c’est l’occasion de savoir si leurs sacrifices financiers pour scolariser leurs enfants portent vraiment leurs fruits. C’est aussi l’opportunité de mesurer si l’État haïtien tient ses promesses en matière d’éducation publique de qualité.

Entre promesses et réalisations, le fossé reste-t-il aussi béant qu’en 2020 ? Dans quelques semaines, les Haïtiens sauront enfin où en est vraiment leur système éducatif. Et surtout, ils découvriront si leurs dirigeants ont le courage de reconnaître les échecs pour mieux rebondir vers 2030.

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