Les États-Unis restent paralysés après l’échec d’un nouveau vote au Sénat vendredi. Républicains et démocrates campent sur leurs positions, et le blocage budgétaire pourrait durer des semaines. En attendant, des centaines de milliers de fonctionnaires sont au chômage technique et les services publics tournent au ralenti.
Un pays à l’arrêt depuis mercredi
Depuis mercredi, les États-Unis sont en pleine crise de « shutdown », cette paralysie budgétaire qui survient quand le Congrès ne parvient pas à adopter un budget. Résultat : plusieurs administrations fédérales sont à l’arrêt, des centaines de milliers de fonctionnaires jugés « non-essentiels » sont renvoyés chez eux sans salaire, et les services publics fonctionnent au minimum.
Les touristes qui espéraient visiter des monuments emblématiques comme le Washington Monument dans la capitale fédérale se retrouvent devant des portes closes. Les usagers des services publics, eux, doivent faire face à des perturbations qui compliquent leur quotidien.
Autre effet collatéral majeur : le rapport mensuel sur l’emploi de septembre n’a pas été publié vendredi. Un thermomètre économique crucial pour la première économie mondiale, qui reste donc dans le flou. Une situation qui rappelle aux Haïtiens de la diaspora aux États-Unis à quel point le dysfonctionnement politique peut impacter même les pays les plus riches.
Un blocage politique qui risque de durer
Vendredi, le Sénat a rejeté une quatrième proposition de budget présentée par les républicains de Donald Trump. Et les dirigeants du Sénat ont déjà annoncé qu’ils ne siégeraient pas pendant le weekend. Autant dire que la crise n’est pas près de se résoudre.
« Il est possible que ce shutdown se prolonge pendant des semaines, et pas seulement quelques jours », a déclaré Andrew Koneschusky, ancien porte-parole du sénateur démocrate Chuck Schumer. « Pour l’instant, les deux partis campent sur leurs positions et il est très peu question de compromis. »
Le nœud du problème ? Les républicains proposent une simple extension du budget actuel jusqu’à fin novembre. Les démocrates, eux, exigent la prolongation de programmes publics d’assurance santé pour les plus démunis. Ils dénoncent des coupes drastiques dans les dépenses de santé décidées par l’administration Trump.
La bataille de la communication
Comme souvent dans ce genre de crise, chaque camp essaie de rejeter la faute sur l’autre. La Maison Blanche accuse les démocrates de prendre le gouvernement en « otage » pour obtenir des soins médicaux gratuits pour les immigrés. Une accusation que l’opposition qualifie de mensonge pur et simple.
« Cette folie doit prendre fin », a lancé vendredi Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche. « Le président Trump et les républicains appellent les démocrates à rouvrir l’administration immédiatement au nom du public américain. »
De leur côté, les démocrates pointent du doigt le refus des républicains d’abaisser le coût de la santé, un enjeu majeur pour des millions d’Américains qui peinent à se soigner.
Le leader républicain du Sénat, John Thune, garde espoir : « Nous espérons que durant le weekend, ils auront l’occasion de réfléchir », a-t-il déclaré à la presse. Majoritaires au Sénat, les républicains ont besoin de convaincre huit démocrates pour atteindre les 60 voix nécessaires à l’adoption du budget. Pour l’instant, seuls trois se sont joints à eux lors des derniers votes.
Une situation très impopulaire
Les « shutdowns » sont détestés par les Américains, et les sondages le montrent clairement. Selon une enquête publiée jeudi par le Washington Post auprès de 1.000 personnes, 47% attribuent la responsabilité du blocage à Donald Trump et aux républicains, tandis que 30% pointent du doigt les démocrates.
Une situation dont l’administration Trump semble consciente. Le camp présidentiel mise sur le fait qu’un nombre suffisant de sénateurs démocrates finira par céder sous la pression populaire.
De son côté, Donald Trump a menacé de profiter de la situation pour « se débarrasser » d’agences démocrates, qu’il qualifie d' »ARNAQUE politique ». Une déclaration qui montre à quel point la crise actuelle est aussi politique que budgétaire.
Un précédent inquiétant
Les Américains n’ont pas oublié le dernier « shutdown » en date, qui s’était produit entre décembre 2018 et janvier 2019, pendant le premier mandat de Trump à la Maison Blanche. Il avait duré 35 jours, un record absolu. Des centaines de milliers de fonctionnaires avaient été contraints de travailler sans salaire ou de rester chez eux pendant plus d’un mois.
Si la crise actuelle devait suivre la même trajectoire, les conséquences économiques et sociales pourraient être dévastatrices. Pour les Haïtiens vivant aux États-Unis, notamment ceux qui dépendent de services publics ou qui travaillent pour l’administration fédérale, l’inquiétude est réelle.
En attendant, personne ne semble prêt à faire le premier pas vers un compromis. Et tant que les deux camps resteront sur leurs positions, les États-Unis resteront paralysés. Une situation qui rappelle, ironiquement, que même les démocraties les plus établies ne sont pas à l’abri de blocages politiques qui affectent la vie quotidienne de millions de citoyens.
