La Primature salue les mères d’Haïti avec des mots forts, tandis que le Conseil présidentiel de transition se contente d’un message expéditif. Un contraste saisissant qui révèle les défis auxquels font face nos mamans dans un pays en crise.
Ce dimanche, jour de la Fête des Mères, deux messages officiels ont circulé depuis les plus hautes sphères de l’État haïtien. D’un côté, la Primature a rendu un hommage appuyé aux mères de la nation. De l’autre, le Conseil présidentiel de transition (CPT) s’est contenté d’une formule de politesse. Entre ces deux approches, c’est toute la complexité de la reconnaissance des mères haïtiennes qui se dessine.
Un Premier ministre qui trouve les mots justes
Le message du Premier ministre n’a pas manqué de substance. Il a salué « avec respect et reconnaissance » ces femmes qu’il décrit comme les « gardiennes de la vie, de la dignité et de l’espérance ». Des mots qui résonnent particulièrement dans un contexte où beaucoup de mères haïtiennes, que ce soit à Port-au-Prince, dans les provinces ou même à Miami, New York ou Montréal, portent seules le poids de leur famille.
Le chef du gouvernement a également lancé un appel à s’inspirer du dévouement maternel pour « rebâtir la nation ». Un message bilingue qui s’est voulu proche du peuple avec cette formule en créole : « Onè, respè, solidarite » – honneur, respect, solidarité.
Le CPT à court d’inspiration
Contraste saisissant avec le Conseil présidentiel de transition, pourtant habitué aux déclarations solennelles et aux longs communiqués. Cette fois, les neuf membres du CPT se sont contentés d’un laconique « Bonne fête des mères ». Pas un mot sur la situation dramatique que vivent nombre de mamans haïtiennes aujourd’hui.
Cette différence de ton interroge, surtout quand on sait que des milliers de mères vivent actuellement dans des abris de fortune après avoir fui la violence des gangs. D’autres, dans la diaspora, envoient chaque mois une partie de leurs maigres salaires pour nourrir leurs enfants restés au pays.
Ces mères qui tiennent le pays debout
Car au-delà des discours officiels, la réalité des mères haïtiennes force l’admiration. Qu’elles soient marchandes au marché de Pétion-Ville, infirmières à l’hôpital de l’Université d’État, ou femmes de ménage à Brooklyn, elles incarnent cette résistance quotidienne qui maintient Haïti debout.
Combien de nos mamans jonglent entre plusieurs emplois pour assurer l’éducation de leurs enfants ? Combien sacrifient leurs propres rêves pour que la prochaine génération ait une chance de s’en sortir ? Ces héroïnes du quotidien méritent bien plus que des formules de circonstance.
En cette Fête des Mères 2025, au-delà des messages officiels, c’est peut-être le moment de se demander : comment notre société peut-elle mieux soutenir concrètement ces femmes qui donnent tant ? Nos mères méritent-elles seulement des hommages d’un jour, ou des politiques durables qui reconnaissent enfin leur contribution inestimable à la nation ?