Le Premier ministre s’est rendu samedi dernier à Caracol et Ouanaminthe pour rassurer sur l’avenir des parcs industriels. Avec la loi HOPE/HELP en négociation aux États-Unis, des milliers d’emplois haïtiens sont en jeu dans cette région frontalière stratégique.
Une visite qui tombe à pic. Alors que l’incertitude plane sur le renouvellement de la loi HOPE/HELP qui permet aux produits haïtiens d’accéder facilement au marché américain, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé s’est déplacé personnellement dans le Nord-Est pour envoyer un signal fort : le gouvernement ne laissera pas tomber l’industrie textile nationale.
Caracol : Quand l’industrie éclaire toute une région
Premier arrêt de cette tournée gouvernementale : le Parc Industriel de Caracol. Au-delà des usines, c’est la centrale électrique de 13,5 mégawatts qui a retenu l’attention du Chef du gouvernement. Cette infrastructure, rare en Haïti, ne se contente pas d’alimenter les entreprises : elle apporte aussi l’électricité aux communautés environnantes.
Pour les habitants de cette région souvent oubliée, cette centrale représente bien plus qu’une simple source d’énergie. Elle permet aux petits commerçants de faire fonctionner leurs équipements, aux étudiants d’étudier le soir, et aux familles d’améliorer leur quotidien. Un exemple concret de la façon dont l’industrie peut bénéficier directement aux populations locales.
CODEVI : Le géant de l’emploi à la frontière
Direction ensuite Ouanaminthe, où se dresse le complexe industriel CODEVI. Les chiffres donnent le vertige : plus de 16 000 emplois directs dans cette zone frontalière avec la République dominicaine. Pour comprendre l’impact de cette industrie, il faut imaginer 16 000 familles haïtiennes qui dépendent de ces salaires, sans compter tous les petits commerces, les tap-taps, les vendeurs de rue qui gravitent autour de cette activité économique.
Cette réalité, beaucoup d’Haïtiens de la diaspora la connaissent bien. Nombreux sont ceux qui, depuis New York, Miami ou Montréal, soutiennent financièrement des proches qui travaillent dans ces usines textiles.
HOPE/HELP : L’épée de Damoclès au-dessus de l’industrie haïtienne
Le Premier ministre n’a pas mâché ses mots concernant l’enjeu crucial du moment : le renouvellement de la loi HOPE/HELP. Ce dispositif américain, qui permet aux produits textiles haïtiens d’entrer facilement sur le marché américain, arrive à échéance. Sans son renouvellement, c’est tout l’édifice industriel haïtien qui risque de s’effondrer.
« Son administration travaille sans relâche » pour obtenir ce renouvellement, a promis Fils-Aimé. Une bataille diplomatique et économique qui se joue dans les couloirs du Congrès américain, mais dont les conséquences se ressentiront directement dans les foyers haïtiens.
Un modèle à dupliquer ?
Cette visite soulève une question plus large : comment étendre ce modèle de développement industriel à d’autres régions d’Haïti ? Le Nord-Est montre qu’il est possible de créer des emplois massifs tout en développant les infrastructures locales. Mais pour cela, il faut une volonté politique constante et des partenariats solides.
Entre promesses gouvernementales et réalités économiques, l’avenir de l’industrie textile haïtienne se joue maintenant. Les 16 000 emplois de CODEVI et les milliers d’autres à travers le pays attendent des actes concrets. La diaspora haïtienne, qui suit de près ces développements, espère que cette visite ne restera pas qu’un simple effet d’annonce. Car au-delà des discours, ce sont des familles entières qui comptent sur la pérennité de ces emplois pour survivre et prospérer.