Invité d’honneur des 8 ans de Gazette Haïti News, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a réaffirmé ses priorités : sécurité d’abord, élections ensuite. Entre promesses fermes et reconnaissance des défis, le chef du gouvernement a livré un message d’espoir teinté de réalisme.
Ce lundi 26 mai, le plateau de Gazette Haïti News avait des allures de sommet politique. À l’occasion du 8ème anniversaire du média dirigé par Volcy Assad, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé s’est prêté au jeu des questions-réponses, abordant de front les préoccupations majeures des Haïtiens : sécurité, élections et avenir démocratique du pays.
Un hommage au journalisme haïtien
Avant d’entrer dans le vif du sujet, le chef du gouvernement a tenu à saluer le travail de Gazette Haïti News, reconnaissant sa « crédibilité et impartialité » dans un paysage médiatique haïtien en pleine mutation. Un geste symbolique important dans un contexte où la presse nationale fait face à de nombreux défis, entre menaces sécuritaires et difficultés économiques.
Cette reconnaissance publique rappelle l’importance des médias haïtiens pour les citoyens, qu’ils vivent à Port-au-Prince, au Cap-Haïtien ou dans la diaspora de New York à Montréal. Dans un pays où l’information circule souvent par les réseaux sociaux et les radios communautaires, les médias professionnels restent des références essentielles.
La sécurité comme préalable à tout
Face aux questions directes de Volcy Assad, Fils-Aimé n’a pas esquivé la réalité : « Je sais que les choses ne sont pas faciles. Nous savons que tout le monde demande de la sécurité. » Une reconnaissance franche de la situation qui contraste avec les discours parfois déconnectés de certains responsables politiques.
Le Premier ministre a insisté sur l’alliance forgée entre le Task Force de la Primature et la Police Nationale d’Haïti (PNH). Cette coopération, présentée comme un « front commun », vise à répondre efficacement aux groupes armés qui contrôlent des pans entiers du territoire national. Une stratégie qui rappelle aux observateurs l’importance de la coordination entre institutions dans la lutte contre l’insécurité.
Les opérations sur le terrain portent leurs fruits
Le chef du gouvernement a fait référence aux récentes opérations menées par la PNH, notamment à Frères et au Village-de-Dieu. Ces secteurs, longtemps considérés comme des « zones rouges », font l’objet d’interventions soutenues qui, selon les autorités, commencent à porter leurs fruits.
Pour les familles qui ont fui ces quartiers et vivent aujourd’hui dans des conditions précaires, ces nouvelles représentent un espoir de retour. Pour celles de la diaspora qui envoient de l’argent à leurs proches restés au pays, c’est l’espoir de voir enfin leurs investissements servir au développement plutôt qu’à la simple survie.
Élections : la promesse démocratique
Mais Fils-Aimé ne s’est pas contenté de parler sécurité. Il a également abordé l’urgence démocratique : « Cette population demande des élections aussi. » Une déclaration qui fait écho aux attentes d’une société civile haïtienne qui n’a pas connu d’élections depuis près d’une décennie.
Le Premier ministre a dénoncé cette « anomalie démocratique » et promis qu’après le retour de la sécurité, « on va donner à la population la chance de choisir ses représentants. » Un calendrier qui lie étroitement pacification et processus électoral, condition sine qua non selon lui pour des élections crédibles.
Un message aux journalistes en première ligne
L’un des moments les plus touchants de cette visite a été l’échange avec les journalistes présents. Fils-Aimé a reconnu leurs difficultés : « Je comprends la peur, je comprends la fatigue, mais nous devons garder espoir. »
Cette déclaration résonne particulièrement dans un contexte où plusieurs journalistes haïtiens ont été menacés, agressés ou contraints à l’exil. Que ce soit Roberson Alphonse, kidnappé puis relâché, ou d’autres confrères qui exercent aujourd’hui depuis l’étranger, la profession traverse une période difficile.
Reconnaissance internationale et solidarité
Le Premier ministre a également salué « le courage du peuple kenyan » en référence aux forces de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS). Une reconnaissance qui s’étend à toute la communauté internationale pour son « engagement constant » aux côtés d’Haïti.
Cette dimension internationale n’est pas anodine pour un pays dont une partie importante de la population vit à l’étranger. Les Haïtiens de la diaspora, qui contribuent massivement à l’économie nationale par leurs transferts, suivent attentivement ces développements.
Entre promesses fermes et défis immenses, le message de Fils-Aimé laisse entrevoir une volonté politique claire. Mais les Haïtiens, au pays comme à l’étranger, attendent maintenant des actes concrets. La sécurité reviendra-t-elle vraiment ? Les élections auront-elles lieu ? Ces questions, qui hantent le quotidien de millions de familles haïtiennes, trouveront-elles enfin leurs réponses dans les mois à venir ?