Le conseiller présidentiel Louis Gérald Gilles assure que l’insécurité sera « sous contrôle » d’ici la fin du mois d’août 2025. Une déclaration qui fait bondir les familles déplacées et interroge sur la capacité réelle du gouvernement de transition à tenir ses engagements.

Dans un pays où les gangs contrôlent encore de vastes portions du territoire, où l’hôtel Oloffson vient d’être réduit en cendres et où des milliers de familles survivent dans des conditions précaires, cette promesse sonne comme un pari risqué pour les autorités haïtiennes.

Une promesse face à une réalité dramatique

Vendredi 11 juillet 2025, lors de la célébration de la Journée mondiale de la population à l’hôtel Montana, Louis Gérald Gilles a lancé une déclaration qui a fait l’effet d’une bombe : « L’insécurité prendra fin d’ici la fin du mois d’août ». Le conseiller présidentiel, interrogé par Radio Télé Galaxie, assure que la situation sécuritaire s’est « nettement améliorée » par rapport aux années précédentes.

Selon lui, des actions sont menées pour renforcer les capacités de la Police nationale d’Haïti (PNH), et le Conseil présidentiel de transition reste « pleinement engagé » dans la lutte contre les groupes armés. « Les résultats sont là. Il y a une différence par rapport à 2022 ou 2023 », a-t-il martelé.

Pourtant, cette vision optimiste contraste fortement avec la réalité du terrain. Plusieurs quartiers de Port-au-Prince demeurent sous le contrôle de gangs lourdement armés, et l’incendie de l’hôtel Oloffson dans la nuit du 6 juillet par la coalition « Viv Ansanm » a rappelé brutalement que la violence n’a pas dit son dernier mot.

« Comment parler d’amélioration quand je dors dehors ? »

Dans les camps de déplacés, les déclarations du conseiller présidentiel provoquent colère et amertume. Gerdine, une mère de famille déplacée de Carrefour-Feuilles, ne mâche pas ses mots : « Comment peut-on parler d’amélioration alors que je dors dehors avec mes enfants depuis plus de deux ans ? »

Son témoignage fait écho à celui de milliers d’autres familles qui s’entassent dans des camps de fortune, sans accès à l’eau potable, aux soins de santé ni à un logement digne. Pour ces victimes directes de la crise, les promesses gouvernementales sonnent creux face à leur quotidien fait de privations et d’incertitudes.

Cette situation rappelle douloureusement aux Haïtiens de la diaspora les récits de leurs proches restés au pays, contraints de fuir leur foyer pour échapper à la violence des gangs. Beaucoup d’entre eux continuent d’envoyer de l’argent pour aider leurs familles déplacées, tout en espérant un retour à la normale qui se fait attendre.

Un pari risqué à sept mois de la fin du mandat

À sept mois de la fin de leur mandat le 7 février 2026, la pression s’accentue sur les membres du Conseil présidentiel de transition. Cette promesse de Louis Gérald Gilles s’apparente à un pari risqué : si l’insécurité persiste au-delà du mois d’août, la crédibilité du gouvernement de transition en prendra un coup fatal.

L’incendie de l’hôtel Oloffson, symbole du patrimoine culturel haïtien et lieu mythique pour de nombreux artistes et intellectuels, a particulièrement marqué l’opinion publique. Cet acte criminel a indigné tous les secteurs de la vie nationale, y compris la diaspora haïtienne qui y voit la destruction d’un pan de leur héritage culturel.

Le test de vérité approche

Pour une population à bout de souffle et en quête de stabilité, les annonces ne suffisent plus. Seules des actions concrètes sur le terrain pourront restaurer la confiance et faire reculer la violence qui gangrène le pays depuis des années.

La promesse du conseiller présidentiel sera-t-elle tenue ? Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir d’Haïti. Si les autorités échouent à honorer leurs engagements, elles risquent de perdre définitivement la confiance d’un peuple qui espère encore voir la lumière au bout du tunnel. Pour les Haïtiens d’ici et d’ailleurs, l’heure est venue de juger sur les actes, pas sur les mots.

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