L’ancien maire de Cité Soleil Esaïe Beauchard lance des accusations explosives contre la direction du Fonds National de l’Éducation. Selon lui, loin d’hériter de caisses vides, Sterline Civil aurait eu accès à plus de 2 milliards de gourdes avant de crier au scandale. Une nouvelle affaire de corruption qui secoue l’éducation haïtienne.
Les révélations chocs de l’ancien maire
Esaïe Beauchard ne mâche pas ses mots. Contrairement aux déclarations de Sterline Civil, actuelle directrice du FNE, qui affirmait avoir trouvé des « caisses quasi vides » à son arrivée, l’ancien édile de Cité Soleil dresse un tout autre tableau de la situation financière de l’institution.
« Son prédécesseur avait laissé plus d’un milliard de gourdes dans les coffres du FNE », affirme-t-il sans détour. Mais ce n’est pas tout : selon Beauchard, quelques jours seulement après la prise de fonction de Mme Civil, un transfert providentiel de 700 millions de gourdes en provenance du ministère des Finances serait venu gonfler ces réserves, portant le total disponible à plus de 2 milliards de gourdes.
Pour les parents haïtiens qui peinent à payer les frais scolaires de leurs enfants, ces chiffres donnent le vertige. Pendant que nos écoles manquent de tout – des cahiers aux bancs en passant par les toitures – où sont donc passés ces milliards ?
Des contrats révisés à la hausse dans l’opacité
L’ancien maire ne s’arrête pas aux questions d’argent liquide. Il dénonce également une série de décisions qu’il qualifie d’irrégulières prises sous la direction de Sterline Civil. Parmi celles-ci, la révision à la hausse de plusieurs contrats sensibles, notamment ceux liant le FNE aux compagnies Culligan et Dinasa.
Ces augmentations de contrats, selon Beauchard, se seraient faites sans transparence ni justification claire. Dans un pays où chaque gourde compte pour l’éducation de nos enfants, ces pratiques soulèvent des questions légitimes sur la gestion des fonds publics destinés à l’éducation.
L’éducation sacrifiée sur l’autel de la corruption ?
Plus grave encore, Esaïe Beauchard accuse la direction d’avoir augmenté le plafond des fonds destinés à la réhabilitation des écoles « sans aucune étude préalable ni respect des procédures administratives ». Cette accusation touche au cœur du problème : comment peut-on gérer l’argent destiné à réparer nos écoles délabrées sans étude sérieuse ?
Nos enfants étudient souvent sous des tôles trouées, dans des salles sans fenêtres, sur des bancs cassés. Quand on sait que des milliards étaient disponibles pour améliorer ces conditions et qu’ils semblent s’être volatilisés, la colère est légitime.
Un sit-in pour exiger des comptes
Face à ce qu’il considère comme une « mauvaise gestion de l’institution », Esaïe Beauchard ne compte pas en rester aux déclarations. Il annonce l’organisation d’un sit-in les 26 et 27 juin prochains devant les locaux du FNE pour dénoncer ces pratiques.
Cette mobilisation citoyenne rappelle que les Haïtiens ne sont plus prêts à accepter en silence la dilapidation des fonds publics, surtout quand il s’agit de l’éducation de leurs enfants. Des manifestations similaires ont déjà eu lieu par le passé contre la corruption, montrant que la société civile haïtienne reste vigilante.
Une énième affaire qui mine la confiance
Cette nouvelle polémique autour du FNE s’ajoute à la longue liste des scandales de corruption qui émaillent la gestion des institutions publiques haïtiennes. Pour les parents qui se saignent aux quatre veines pour scolariser leurs enfants, pour les enseignants qui travaillent dans des conditions précaires, ces révélations sont un camouflet de plus.
La question demeure : où sont passés ces milliards de gourdes destinés à améliorer l’éducation haïtienne ? Sterline Civil aura-t-elle le courage de répondre aux accusations précises d’Esaïe Beauchard ? L’avenir de nos enfants mérite mieux que ces querelles de chiffres sur fond de soupçons de corruption.